Je n’ai pas réussi à cracher sur Lady Gaga, désolée

Je n’ai pas réussi à cracher sur Lady Gaga, désolée

et son blog est la http://ladygravos.blogspot.com/

Par @ladygravos

J’ai un problème, une dépendance un peu plus bizarre : les phénomènes de société me fascinent totalement. Mon excès de cynisme m’a rendue totalement observatrice de la vie, comme un bébé regarderait le monde. Je n’ai jamais réussi à être fan de quiconque ou de quoi que ce soit, n’arrivant pas à m’inventer une star à aimer à un âge où on se définit comme fan de machin. Pas que je n’écoute pas de musique ou ne lise de livres, bien au contraire. A force de tellement dissocier les qualités artistiques du capital sympathie de quelqu’un, j’ai été régulièrement amenée à aimer la musique de gros bâtards, et sans même excuser la brutalité de la musique par une soit-disant sensibilité cachée. En plus d’écouter un artiste que si je l’avais en face de moi dans une soirée on se friterait au bout de 2 minutes, les considérations pipoles m’ont souvent ennuyée (même si j’aime bien regarder la cellulite d’un mannequin échouée à Saint-Trop’, ça me rassure sur mon physique).

Mais ce cynisme, puisqu’il m’appartenait, j’en ai fait un allié, je l’ai utilisé et développé. On peut même dire qu’il me rend aujourd’hui heureuse. J’ai toujours essayé de savoir pourquoi, je me suis alors mise à faire de la recherche. A travers un travail de recherche sur le film Avatar, par exemple, j’ai compris que la célébrité et le succès n’avaient pas grand chose à voir avec le hasard. J’ai compris qu’une grande œuvre était à la fois le fruit de qualités professionnelles indéniables et d’un travail personnel de l’artiste sur ce qu’il est fondamentalement, de sorte à ce qu’il puisse s’exprimer intégralement. Quand bien même celui-ci aurait des goûts de chiotte. Et j’en viens donc tout naturellement à Lady Gaga. Celle-ci s’est présentée à moi comme un véritable casse tête chinois : chanson après chanson, un tel succès m’était à chaque fois plus incompréhensible. Bien sûr Lady Gaga possède une véritable créativité, mais si la beauté d’un clip faisait de quelqu’un une star, ça se saurait.

Jusqu’à ce que je vois ça :

Une gonzesse arrive, son ridicule la rend touchante. Elle me fait penser aux souillons de Brassens qui cachent derrière une apparente débilité et des guenilles, plein de qualités. J’ai envie d’enlever ses lunettes et son chapeau ridicule pour comprendre ce qu’elle pourrait bien vouloir cacher, une tâche de vin sur le front, par exemple. L’absurdité de la mise en scène nous fait nous attendre à une chanson bas de gamme de plus, qui viendrait secouer les radios plus fun les unes que les autres. Avant de commencer, elle minaude juste ce qu’il faut, avant de lâcher un « merci » timide au public, sans le moindre accent, elle est très forte. Une proximité s’est déjà installée sans que l’on s’en soit rendu compte, cette femme pourrait être à présent notre pote de soirée un peu bourrée qui va jouer l’unique morceau qu’elle connaît au piano, et mal. A partir de cet accoutrement complètement ridicule, à partir du « gaga » se révèle désormais la lady. Une voix inhabituellement grave transperce le ciel tel l’aigle noir. « De cette si petite bouche il peut donc sortir autant de son ? » Elle s’invente crooneuse black, mimiques comprises, nous balançant dans la tronche tout ce qu’elle est.

Mais après 1 minute 30, tout s’effondre. Sa voix fait place au gros beat, à de la dance minable, on est donc précisément à l’endroit où j’avais commencé mon investigation.

Conclusion

On retiendra de cette expérience que sa voix n’est pas du tout utilisée comme elle le pourrait. Elle semble vouloir crier à qui veut l’entendre que le plus important est qu’elle sache chanter, mais qu’elle ne le veut pas. Elle précède ainsi toutes les critiques. Elle brouille les pistes : on se sait plus si on a aimé le moment, ou elle. Le public lui s’en fout, il le revivra à chacune de ses chansons. On peut donc ne pas aimer ce qu’elle fait, ça oui. Mais on respecte désormais qu’elle le fasse parce que ce sont ses goûts à elle de chanter de la merde plutôt qu’un bon blues. Et parce dès le moment où j’accepte ses goûts de chiottes, j’accepte les miens.

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