Il y a quelques temps, je me suis offert le luxe d’un Live Tweet à cheval – à califourchon même – entre le vrai et le faux, le fantasme et les occasions qui lui donnaient sens. Ce jour là j’avais croisé en remontant chez moi tôt le matin la nouvelle femme de ménage de l’immeuble : une blonde bien plus subtile que ne le laissaient transparaître ses vêtements et son activité. Le genre de femme dont les atouts sont vite atténués par de mauvaises circonstances mais dont vous goutez le peps dans le regard et le galbe des fesses s’imprime immédiatement sous vos mains qui s’agitent dans vos poches, moites.
Les pensées impures, les fantasmes de peau touchée m’avaient accompagné dans l’ascenseur et ne m’avaient plus lâché. Il faut dire que normalement, je ne remonte pas chez moi, je n’ai donc aucun intérêt à emporter avec moi des idées si libidineuses. Je n’aime pas me torturer. J’aime frôler le possible du bout des doigts, de la langue aussi…
En m’asseyant devant mon écran, j’avais alors utilisé la fonction cathartique du tweet : écris ici ce qui coince là-haut et peut-être que ça se videra là-bas.
Le bilan public de ce LT a été assez mitigé : les clichés utilisés m’ont valu la fuite de 15 followers dans l’heure même, une trentaine dans la journée. En contrepartie, je pouvais malgré tout me vanter d’avoir provoqué chez Jérémy Sahel sa semi-érection annuelle (mais je pense avoir bénéficié du facteur « sens du vent », sinon je n’aurais jamais réussi). (NDLR il a écrit ça en espérant être classé dans articles refusés mais je tombe pas dans le piège)
En privé par contre, j’ai commencé à recevoir des DM très courts d’une certaine @concita_polake. Je ne me souvenais même pas d’avoir eu cette arrivée dans ma TL. D’ailleurs ni l’image d’un plumeau rose en avatar, ni ses tweets qui feraient passer @mixbet pour un intellectuel ne me donnaient envie d’y prêter une plus grande attention. Les DM s’accumulaient, tous plus ridicules les uns que les autres : « mais où ai-je rangé mon plumeau, lol », « y a pas à dire, à quatre pattes les mains gantées c’est moi la meilleure », « j’envie celles qui ne font que jouer à la soubrette » ou le fin du fin : « je hais les copro, y en a pas un pour te sauter, au moins dans les maisons de maître… »
Je lis toujours ce genre de DM avec la distance de l’anthropologue et j’avoue commencer à développer un intérêt particulier pour toutes ces metteuses en scène qui, sûres d’elles-mêmes sans doute à cause de leur âge, essaient d’en dire le moins possible, pressées qu’elles sont de se retrouver dans le rôle de la proie qu’on traque, déjà à 4 pattes dans le fourré, prétendant s’être tordu la cheville tandis que leur stock de petites culottes a malheureusement subi la crise au pensionnat.
Bref, une semaine après ce malheureux LT et ces DM, un évènement similaire à celui qui avait provoqué le LT s’est produit. J’ai dû remonter assez tôt alors que ce n’est pas ce qui se produit d’habitude. Les portes sont ouvertes et ça sent le produit d’entretien. En arrivant devant l’ascenseur, je la cherche naturellement du regard et je suis surpris de ne pas trouver la blonde mais une petite brune qui me sourit. Je salue et je monte. Je me souviens avoir eu un moment de doute pendant la montée en repensant au plumeau car il était rose… Mes doutes sont retombés quand j’ai trouvé, collé à la porte de mon appartement, un post-it où était écrit : « laisse entrouvert, patiente encore 15 mns et surtout quand j’entre ne dis rien. » A côté du post-it un polaroïd du plumeau tête en l’air, le manche planté entre deux belles formes rondes.
Je me suis exécuté. La porte n’était donc pas complètement fermée et je me suis fait un café pour patienter. Quand elle est arrivée, elle a poussé la porte et a montré le bout du couloir comme si elle savait où se trouvait la salle de bain, a écarquillé les yeux et juste glissé un « la douche, je peux ? » qui était entre l’interrogation et l’affirmation. J’avais ordre de ne rien dire, j’ai opiné du chef. Elle est sortie très rapidement, entièrement nue et ruisselante et s’est collée à moi. Elle se frottait à ma cuisse. Elle souriait. J’étais déconfit en réalité. Je ne savais pas quoi faire du tout. C’est elle qui a pris ma main et l’a plaquée sur son sein brulant. Elle a lâché : alors c’est ça le mec derrière la grande gueule du troll. J’ai cru que j’allais m’évanouir.
Mes mondes et mes certitudes se confondaient dans un étrange tourbillon de pensées mêlées à des écrits de 140 caractères max qui fusaient dans tous les sens. Je n’ai pas eu le temps de m’interroger, ni même de l’interroger… on a du mal à parler la bouche pleine. J’étais allongé sur le dos, dans mon couloir, et elle s’était comme assise sur mon visage. On aurait dit qu’elle goutait avec plaisir le fait de me dominer comme ça. Car les gémissements qui sortaient de sa gorge pendant qu’elle pressait ses seins des deux mains venaient avec des petits morceaux de phrases étranges, semi-chuchotés, semi-jouis : « alors… hein… c’est ça ? Hein… » Je ne sais pas quelle revanche elle prenait mais le match aller avait dû la blesser profondément.
Je ne pouvais rien dire. Pour finir elle avait placé mes bras au-dessus de ma tête, avait mis ses mains dans les miennes pour les coller au sol, s’était penchée en avant et avait joui sur ma langue tout doucement. Le second orgasme lui était venu juste après qu’elle se soit servi de moi comme un jouet, de façon expéditive, alors qu’elle m’embrassait à pleine bouche, goutant sur mes lèvres son propre goût, narcisse au sommet.
Evidemment tout ceci était très excitant. Mais les doutes qui m’assiégeaient et le caractère expéditif de la chose ne me permettaient pas de prendre de plaisir. Elle ne m’a pas fait jouir, d’ailleurs.
Elle est venue et juste après les sortes d’électrochocs qu’elle a eu dans les jambes, elle s’est relevée, rhabillée et elle est repartie aussi expéditive qu’elle est arrivée. En récupérant son polaroïd, elle a lâché en riant, hystérique : « c’était donc ça ? »
Encore une qui ne fait pas bien la part des choses, me suis-je dit, entre le personnage et moi… Je me suis fini dans le lavabo, machinalement.
C’est moche un troll frustré… Tu ne devrais pas donner ton adresse à n’importe qui.
C’est toi la frustre, hé !
Cher Chevatrollier, personne ne t’a dit qu’il ne fallait jamais, oh grand jamais, laisser entrer les inconnus ? Et qui plus est les inconnuEs !!!
très intéressant la manière dont le texte fait avoir des images cru mais est-ce réellement une confession?