Rayon livres de la Fnac. C’est la rentrée. J’ai devant moi, l’embarras du choix.

Oui mais voilà.

Je ne sais pas quoi lire.

Et j’ai honte.

Comment ne peut-on pas savoir quoi lire quand on a devant soi une montagne de romans plus formidables les uns que les autres, du plus classique à la dernière nouveauté, avec des titres alléchants, des intrigues surprenantes, des personnages touchants dans des récits incroyables et le style inimitable d’un auteur qui a donné sa sueur et son sang pour envouter ceux qui auront l’honneur de découvrir sa prose ?

Ben… euh… C’est à dire…

Comment ne pas foncer sur le dernier Marrieussecq, Pingeot, Laurens qui parlent toutes avec émoi et justesse de la mort d’un enfant ?

Attention, je ne dis pas que je les lirais pas…

Comment passer à coté du dernier Nothomb, du nouveau Mondiano, du prochain Dantec ou d’un vieux Cavalda ?

Bien sûr même que je les lirai ! … Mais demain.. parce que là, tout de suite franchement…

Qui peut passer devant le Begbeidder, le Foenkinos, le Besson ou le Claudel et douter encore ???

Non, je ne voudrais pas qu’on se comprenne pas…   J’ai jamais dit…

Faut il être ingras pour douter, alors qu’il y a toujours un Musso, un Lévy qui ne demande qu’à être lu !

Ouais, mais là non. Pour moi, c’est pas mon truc… C’est mièvre, c’est gnagnan, c’est concon, c’est non merci. Avec des titres en plus..

On se retrouvera…

Je t’aimerais…

Où es tu ? ….

Par de là, la mort, mon amour…

L’amour n’oublie pas…

Ne dis rien…

Pfff… Non… franchement… Je passe …

Un policier alors ?

Non, marre des morts, des enquêtes à Hollywood, à New York ou à Saint Ouen. Marre aussi des flics qui doutent le soir en fumant une tige tandis que la ville est éclairée de ses mille feux insouciants et que le(s) tueur(s) rode(nt) en défiant la maréchaussée.  Marre des douches pour se laver de la crasse de ce qu’on a vu dans la journée. Marres des corps disséquées pour montrer que là et là, il y a une trace qui prouve que le tueur a un problème avec les femmes et qu’il aime d’abord les ébouillanter avant de les dépecer.

Un peu de fantastique ? C’est bien le fantastique…

Ouais mais non, pas envie. J’en fait une overdose et il n’y a rien qui me tente. La SF m’ennuie, idem pour la Fantasy, l’horreur me gonfle. Donc. Non.

Un titre comique ? Un truc anglais, c’est bien chouette ça, les trucs anglais ?

Oui, c’est chouette. Mais j’ai l’impression de relire quinze fois l’histoire d’un trentenaire coincé qui va vivre une folle aventure durant ses vacances, lui permettant de revoir entièrement sa libido, de rencontrer un couple de gangsters, de se faire agresser par un cochon de manège et découvrir au final que son entourage est une brochette d’hypocrites qui vont chacun payer de manière burlesque et piquante, leur grande lâcheté vis à vis de notre héros qui ne demande simplement qu’à être aimé.

Un 10/18 alors ?? Ils ont de bons auteurs étrangers.

Bien sûr. Mais pour la relecture, on repassera. Le dernier Selby m’a énervé avec les fautes d’orthographes du traducteur (« Bonjours » et « salde » au lieu de « salade », ça fait super cheap) . Je ne suis pas pro orthographe, sur un blog, ça ne me dérange pas, mais quand j’achète un livre, j’attends qu’il n’y ait pas de faute involontaire. C’est con, c’est snob, mais c’est comme ça.

Bref, je tourne, je regarde les pochettes, je lis les résumés (« Un livre épatant » « Ce roman devrait être obligatoire » « Un must ») qui ne m’apprennent rien. Je feuillette les premières pages. Je repose les bouquins. Les drôles, les dramatiques, les témoignages poignants de la vraie vie, les classiques russes, les petites nouvelles légères, les grandes sagas nord américaines, les indispensables et les autres…

Rien ne me tente.

Maintenant que je sais quel être médiocre je suis, incapable de choisir le moindre roman dans cette farandole de chefs d’oeuvre, je m’apprête à quitter ce lieu, la honte sur mes épaules.

Ne reste plus qu’à me rabattre sur le rayon BD.

Au moins là, y a des images.