Par @cine_maniac
Quelques blogueuses mode «concernées», comme on dit, ont déjà décomplexé un peu les grosses qu’on appelle les rondes. Faisant partie de cette catégorie, la lecture d’un blog comme celui de Big Beauty m’a rendu pas mal des services question adresses pour trouver MA taille. Ma taille mais pas ma place sur la photo, je coûte cher à cette société avec mon excès de cholestérol, mes «facteurs» de risques accrus d’être terrassée par un infarctus, par exemple, et de peser ensuite sur les finances publiques en passant un séjour en soins intensifs dans un hôpital public. Pourtant, certains gagnent de l’argent en vous démontrant que votre point faible serait votre point fort, ces manuels de comportementalistes avisés enseignant qu’il faut tirer partie de ses défauts, du moins de ses atypies.
Je n’ose le dire à personne mais une chose me gêne terriblement aujourd’hui dans les lieux publics, la chaleur, en plein hiver, je transpire à grosse gouttes, si j’osais, je sortirais mon éventail de mon sac à main, celui que j’ai rapporté de Bangkok où je n’en avais pas l’usage à cause de la clim à fond dans les hôtels. J’ai chaud même aux terrasses de café surchauffées pour conserver leurs clients fumeurs, oui, en ces temps de carences énergétiques, on chauffe aussi les rues… Et pourquoi j’ai chaud au cinéma boudinée dans une taille 48 quand ma voisine en taille 36 grelotte, je vous le demande… L’autre jour, au festival du film asiatique de Deauville, j’ai cru faire un malaise tant la salle du CID me semblait à la température d’un sauna. Je sors demander à une longue perche anguleuse à large décolleté sur poitrine plate si on peut baisser un peu le chauffage, la réponse est non, la grande maigre a froid, elle, la salle aussi, il paraît.
Faisons le point, dans nos sociétés formatées hypercivilisées, mon poids me marginalise à plusieurs titres, je pèse sur le coût de la santé publique, je déborde de la photo idéale publiée en couverture de «Elle» tous les vendredis, je ne trouve pas de guêpière à ma taille pour raviver la libido de mon mari qui couche avec sa secrétaire dont le string minuscule dépasse de sa minijupe en jean Diesel, et voilà qu’à présent, dégât collatéral, le chauffage artificiel dans les lieux publics me fait suffoquer et m’empêchera à terme toute vie sociale.
Positivons, en y réfléchissant de plus près, n’y aurait-il pas un quelconque bénéfice à se passer de chauffage? La chaleur excédentaire du corps serait-elle l’avenir de l’énergie de substitution? Partant du principe que chaque personne « en surpoids » produit son énergie propre et sa propre énergie, imaginons un univers peuplé de gros, d’obèses, pour pallier aux pannes des centrales énergétiques.
Des individus autonomes se comportant chacun comme une centrale nucléaire individuelle. Mais alors que de catégories professionnelles au chômage à commencer par les diététiciens, ces nouveaux prêtres de la religion taille zéro! Pourra-ton se résoudre à la chute du dernier tabou, les kilos? Les parisiennes stressées qui se nourrissent de pousses de soja avec trois fils de pâtes bio chez Cojean seront-elles assez motivées pour manger la peau du poulet ou des frites sans vomir?
On en parle au Balzac à 13 heures, qui sait… ce serait avec plaisir.
MN