Quand Marla S va à confesse…

Ceci n’est pas un article sur DSK. Dommage pour le référencement. Ceci n’est pas un article sur l’addiction sexuelle en général. Désolée pour les fans de Doctissimo.

Ceci n’est pas une pipe non plus. Cela dit par les temps qui courent, on peut se poser la question.

Ceci est une réflexion qui n’engage que moi.

Il y a des moments dans une existence où prendre des décisions radicales suscite un sentiment de solitude absolue. Je revois l’air abasourdi d’un homme à qui j’avouais que je n’avais pas eu de relations sexuelles depuis plus d’un mois et demi et qui m’avait sorti, l’œil grivois :

« Je ne peux pas te laisser comme ça… »

Comme si l’abstinence était une sorte de tare ou un secret inavouable. Quand j’avais répondu que c’était par choix, son air était passé de l’étonnement au scepticisme.

J’adore le sexe et ce n’est un secret pour personne. Plus encore pour ceux qui me connaissent dans la vraie vie.

J’adore en parler, le faire, je ne prétends pas en avoir fait le tour même si j’ai pas mal d’expérience, je suis avide d’inédit, je ne ferme pas la porte à ce que je ne connais pas encore, je sais ce que j’aime et commence à savoir ce que je n’aime pas. A force de moudre du grain, je reconnais le bon de l’ivraie…

Mais pour avoir été accro pendant deux ans de ma vie aux coups d’un soir qui soulagent, aux amants réguliers auxquels on s’attache pour de mauvaises raisons, aux épicuriens du sexe qui apportent une dimension cérébrale à une chevauchée fantastique, force est de constater qu’au bout du compte, le cul devient un besoin et de moins en moins une source de plaisir.

Etre dépendante au sexe, c’est un peu la même sensation de panique du fumeur qui réalise qu’il n’a plus que trois cigarettes à 23h, alors que tout est fermé. C’est l’angoisse du samedi quand on a rien prévu pour la soirée, qu’on va chasser sur la toile ou qu’on finit au dessus de la cuvette des chiottes parce qu’on s’est finalement remplie par d’autres orifices, pour compenser le manque.

Non l’addiction sexuelle n’a rien de glamour, de beau ou de fascinant. Ou alors dans l’esprit fou et génial de certains artistes dont la vision sait transcender la tristesse d’un coup foireux.

Dans une société où multiplier les conquêtes rime avec une certaine forme de liberté, où le serial niqueur est l’apôtre du bon goût et la chagasse insatiable un modèle de savoir vivre, il est juste terriblement difficile de provoquer une quelconque empathie ou autre chose que de l’ironie quand on prétend vouloir réserver son cul à quelqu’un avec qui le courant passe un minimum.

Je vois nombre d’entre vous hocher la tête :

« ça y est Marla est passée de l’autre côté de la force, elle fréquente les compulsifs sexuels anonymes et vient de toucher son jeton avec le nombre 50 gravé dessus. » ou « Elle a un mec en vue, elle cherche à se refaire une virginité »

Non ! Loin s’en faut et sérieusement quand je lis dans la presse féminine (Marie-Claire pour ne citer qu’elle) qu’une femme à la sexualité « aventurière » est encore perçue comme oscillant « entre la salope et la pauvre fille qui manque de confiance en elle », j’ai froid dans le dos. Je  ne jette d’ailleurs en aucun cas l’opprobre sur  mes petit(e)s camarades qui s’épanouissent dans une sexualité tumultueuse et variée avec des partenaires multiples. Tant qu’il n’y a pas de gêne, espérons qu’il y ait du plaisir !

Je dis simplement que lorsque baiser devient une aliénation, un ersatz d’émotion réelle, il est temps de remettre les choses à leur place. Les seuls besoins humains réels sont se nourrir, boire, dormir, pisser et déféquer. Le reste est accessoire. Une pulsion certes pas facile à gérer mais maitrisable…

Alors bien sûr, on peut me rétorquer que comme addiction, c’est plutôt sain et que ça n’abime ni le foie, ni les poumons. Certes, mais si elle n’a généralement aucune conséquence physique, même si j’en connais qui se font recoudre l’anus aux urgences, pour ma part elle a eu des conséquences psychologiques indéniables. Elle fut « le doudou » incontournable pour éviter d’affronter mes angoisses profondes comme mon refus de m’encoupler juste pour rentrer dans le moule ou la peur du temps qui passe.

Une sorte de mieux que rien, un trompe néant, un exutoire en somme qui empêche sacrément d’avancer et de se remettre en question sur l’essentiel. Sans compter la sensation de vide absolu post coïtale  lorsqu’on a envie que l’autre disparaisse, comme lorsqu’on congédie un fantasme après s’être masturbée.

J’aime l’idée d’envisager le sexe comme j’envisage un repas gastronomique ou la dégustation d’un bon vin. Être gourmande mais pas goinfre.

Et puisque la nourriture et le sensuel sont pour moi étroitement liés,  disons que métaphoriquement je préfère aujourd’hui renoncer au paquet de Pépito® qu’on bâfre par  facilité et parce qu’on en trouve partout, au profit d’un macaron Pierre Hermé® pour lequel il me faudra traverser la Seine…

Mais comme toute bonne addiction qui se respecte, on n’est jamais à l’abri d’une rechute, parce que faire n’importe quoi de temps en temps, c’est encore le meilleur moyen de ne pas être adulte trop vite…

7 commentaires

  1. Très bonne écho à mon article récemment publié içi. En effet, je me refuse d’appliquer le proverbe « faute de grive on mange du merle » parce que je suis persuadée que ce serait dévastateur sur moi.

    Très bon article!

  2. Il n’est pas ici question de jugement, seulement d’un sentiment personnel. Et ce n’est meme pas reelement un changement d’attitude chez toi, ou une prise de conscience, j’ai plutot l’impression en lisant que c’est une question de besoin sensuel qui a ete assouvi et qu’il est remplace lentement par un besoin d’intimite ( qqun avec qui le courant passe). En ce qui concerne le cpmportement sexuel, il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises reponses, il y a juste des reponses personnelles. Petite remarque: les etudes psychologiques ont depuis un moment demontrees que les besoins primaire ne sont pas seulement se nourrir et eliminer mais egalement le besoin de contact humains. Des singes en laboratoire mais aussi des nourrissons en orphelinats particulierement delaisses a ce niveaux se sont laisses mourir, bien que tous leurs besoins « primaires » aient ete satisfaits

  3. @Coquillette je ne suis pas complètement d’accord avec le début de ton commentaire, cette période a été le symptôme d’un refus de regarder en face les vrais problèmes qui me minaient. Le sexe a vraiment été une échappatoire, puis une sorte de réflexe comme prendre une cigarette quand on est contrarié, ou vider le frigo quand on est en manque de considération affective.
    Pour la deuxième partie de ton commentaire, je reconnais que j’ai peut être manqué de nuances, mais le besoin de contact humain ne cantonne pas à des rapports physiques. Je ne pense pas qu’on puisse se laisser mourir à cause d’un manque de sexe. D’amour oui, je n’en doute pas.

  4. Merci pour ce post. Je souhaite rajouter que Coquillette et toi semblez omettre (à dessein?) un besoin essentiel, la reproduction sans lequel aucun de nous ne serait là. Ce besoin dont l’acte sexuel n’est que la conséquence et que nous, humains détournons à des fins de plaisir. Nous ne sommes d’ailleurs pas les seuls à détourner l’acte sexuel de sa fonction première, certaines espèces de singes l’utilisent comme mode de résolution de conflits interpersonnels. Soudain une pensée m’assaille (ouille,) le parallèle entre les singes et ton post où le conflit n’est plus externe mais interne. Ce n’est qu’une pensée qui comme la fleur ne survit pas très longtemps. My 2 cents

  5. @Bachibouzouk le besoin de procréer est en effet un peu hors sujet ici. Mais j’aime assez ton parallèle entre les bonobos et ma façon de régler mes angoisses par le sexe. Un peu tiré par les cheveux, mais malin.

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