Il y a bien eu un 12 septembre 2011. Et on n’y croyait pas. Car à force d’attendre les 10 ans de l’évènement le plus médiatico-terroriste du millénaire, on se disait que l’après n’existait pas. Une sorte de 21 décembre 2012 anticipé. Ou un revival de la station Mire, au choix. Et surtout, on avait peur. Très peur. Peur que les networks explosent sous le flot de commentaires niaiseux en lien (ou pas) avec ce dimanche de commémoration. Et on a cru, à un moment, se noyer. Impossible de suivre, de tout lire, effrayés à l’idée de louper les infos chocs de la journée. On a frôlé l’attaque. Mais on a survécu.
On a donc survécu à cette gigantesque valse de cons. Celle qui vous impose de revoir les photos de chacun à l’époque où les Twins Towers trônaient encore au centre de New York, preuve tristement banale d’un besoin irrépressible de faire partie de l’histoire. Celle qui vous oblige à être le témoin des grands débats sur une possible conspiration américaine, comme si votre cher voisin en savait plus que la CIA. Celle qui vous implore de lire et relire les mêmes commentaires inutiles sur l’horreur qu’était le 11 septembre. Celle enfin, qui vous crache à la gueule votre absence de réaction face à l’évènement, comme si le fait de ne pas le commenter vous faisait rentrer dans le club très fermé des nihilistes historico-politiques. Comme si vous étiez de cette caste étrange de ceux qui ne croient pas au 11 Septembre. Et, si après tout, vous aviez décidé, pour une fois et en toute pudeur, de ne pas commenter l’évènement, de le respecter ? De le laisser, 10 ans après, comme un grand garçon, prendre son envol et s’affranchir des tsunamis de commentaires avilissants qui l’étouffent depuis tout ce temps ?
Mais non. Impossible. Surtout pas pour les 10 ans. Alors, oui, vous avez commenté. Pas grand-chose, juste un message, un petit, de rien du tout. Mais bon, juste pour être sûr, on a fait une typologie, histoire de savoir quel « September11-Twittos » vous êtes. En espérant que vous ne vous retrouverez dans aucune de ces catégories.
Le génie :
Le génie ne sait pas trop quoi dire sur l’évènement, il n’est même plus trop sûr que ça ait eu lieu à New York. Mais il sent bien que quelque chose se passe sur Twitter, alors il prend part à la fête. Mais garde ses distances, un bon commentaire bien laconique fera l’affaire.
« Ca devait être affreux d’être dans les tours. #11septembre »
Le complotiste
Le complotiste ne sait rien de plus que vous et moi. Pourtant, il a passé des heures sur Youtube à ingérer des vidéos qui valident l’implication du gouvernement américain dans la chute des Twin Towers. Forcément, il prend tous les autres pour des moutons ignares.
« C’est bien de parler du #11septembre mais comme par hasard, tout le monde a oublié que #Bush vendait des armes à #benladen. Les médias nous mentent.»
L’opportuniste
L’opportuniste se fout bien du 11 septembre. Il se fout bien de l’actualité en général mais surfe avec brio sur tous les sujets tendances pour son auto-promotion.
« Go check mon blog, nouvelles photos du concert de Lady Gaga ! #11septembre, #worldtradecenter #twitter #facebook #off #ff @myself »
Le paradoxe
Le paradoxe ne veut pas parler du 11 septembre, car ça l’énerve que des gens parlent de ce qu’ils ne connaissent pas. Et pourtant il en parle. Ou du moins il parle du fait que ça l’énerve. Et sans même s’en rendre compte, il participe à la danse.
« Putain mais arrêtez de twitter sur le #11septembre, c’est ridicule, ça fait 10 ans quoi »
Le fan de débat
Le fan de débat répond généralement en même temps au génie et au complotiste, n’hésitant pas à les agresser tous les deux en espérant une réponse virulente. Quitte à être le plus gros con de la planète.
« @génie qu’est ce que tu en sais toi, tu y étais ? C’est ridicule comme commentaire, développe au moins au lieu de tenir des propos aussi vides. »
« @complotiste qu’est ce que tu en sais toi, tu y étais ? C’est ridicule comme commentaire, développe au moins au lieu de tenir des propos aussi vides. »
L’égo-centré
L’égo-centré, enfin, arrive toujours à rattacher l’évènement à sa propre vie, comme s’il obtenait de facto une légitimité ultime à parler de l’évènement. Les autres ne savent pas de quoi il parle. Lui l’a vécu, le 11 septembre.
« Il y a 10 ans pile, la cousine de la copine de la femme de mon grand frère était à New York. Je peux vous dire que c’était affreux #11septembre. »
Oui, bien sûr, ça donne envie de vomir. Mais il faut se dire que c’est fini. On a survécu. Les Twin Towers en Top Trends n’ont qu’un temps, un TT en chassant un autre. Car ne vous y trompez pas, vastes seront les sujets de débats, ce soir, lorsque le dernier tweet concernant le 11 septembre aura disparu dans les abysses du réseau oiseau.
Avec tout ça, on aurait presque envie de fouiller dans ses vieux CD d’adolescent et de réécouter cette chanson de Tryo qui disait : « Mais nous c’est pas pareil, notre avis on le garde pour soi. Paraît qu’on est tous un peu con dès qu’on est un peu plus de trois. »
C’est ça l’info, la vraie
Le twit mytho : « J’étais dans les twin towers la veille des attentats. J’ai même une photo. A un jour près … ça me tue. #11 septembre »
La phrase relou : « Demain, vous allez tous faire chier avec le 11 septembre, alors je twit maintenant dessus comme ça on passe à autre chose »
Le 12 septembre c’est mon anniversaire. T’es vraiment un mégaconnard, bordel !
lol tu m’as volé mon com, on est né le même jour 🙂