Les gamins que je fréquente sont très différents de ceux des pubs Kinder. Pâques n’est pas pour eux l’occasion de manger proprement du chocolat intelligemment caché sous un bel arbre. Nan, Pâques, chez moi, on le célèbre autrement.
Il y a mille mômes dans la maison, prêts à en découdre. Les salauds feintent adhérer au postulat absurde selon lequel des cloches planqueraient tous les ans à la même date des oeufs dans notre jardin. Admettant donc que des cloches puissent :
– Voler,
– Etre invisibles,
– Avoir le même calendrier que nous,
– Avoir les moyens d’acheter plein de chocolat, en période de restriction budgétaire,
– Aller au supermarché acheter lesdits chocolats.
Fiers de leur truc, les adultes usent de stratagèmes alambiqués pour parvenir à s’extirper du groupe, et aller tout filous planquer le chocolat tant convoité. Pour leur faire plaisir et que l’opération se perpétue tous les ans, les gamins font évidemment semblant de marcher.
Mais si les gamins étaient si cons, on aurait du souci à se faire quant aux années qui arrivent. N’oublions pas que les enfants d’aujourd’hui sont les adultes de demain. Ne l’oublions pas. C’est primordial.
Je planque des Figolus, moi, juste pour faire chier.
Evidemment, il pleut. Et les gamins sont capuchés, morve au nez pour aller chercher le chocolat dans notre jardin en pente. Nos seuls arbres sont des sapins dégueulasses sous lesquels si tu planques un truc tu dois avoir conscience que le gamin qui y mettra sa main pourra être mordu par un rat. Alors on planque les oeufs dans l’herbe. Et tout le monde marche dessus.
Lorsqu’un môme a l’idée de regarder par terre, il trouve un oeuf piétiné. Ton môme à toi, c’est pas comme celui de Kinder, il ne retourne pas au salon de jardin pour déballer son truc et le bouffer proprement en sourire sur sa chaise bien blanche. Parce que déjà, il pleut, et le salon de jardin, il est rangé. Les parents sont dans la maison et regardent leurs ouailles par la fenêtre.
Le petiot mange le chocolat piétiné sur place. Il s’en fout partout. Son pote arrive et le pousse comme pour lui piquer son butin, les deux tombent dans la gadoue et l’on peine à discerner le chocolat de la boue. Ils pleurent et mangent. De la boue.
Dans la maison, on tire à pile ou face pour savoir qui va venir en aide aux gamins. Personne n’est trop chaud. On décide de les laisser se démerder, Darwin, l’autonomisation, toutes les théories y passent.
Le plus malin des gamins a amassé un sac plein de chocolats. Il rentre plein de boue, sous les regards émerveillés de ses potes, et dépose son butin sur la table. Il s’assoit et démarre sa grande bouffe. En tonton gentil, tu écopes de toutes les fabrications générées par chaque dégustation de Kinder Surprise. Tu construis 14 petites voitures, 17 bonshommes qui bougent quand tu tournes un truc et 10 objets non identifiés pour lesquels a priori t’aurais mieux fait de suivre le mode d’emploi. Tu te sens pas doué, chinois, exploité, et plus mélanchonniste que jamais.
Mais les deux braillards sont toujours dehors. Ils mangent le moindre truc qu’ils trouvent, un peu comme des aventuriers de Koh Lanta, les dents blanches et le soleil en moins. Seulement cette fois, les parents s’inquiètent :
– C’est qui qui a acheté ça ?
Personne.
– Merde, c’est un lapin de l’année dernière. Faut le leur enlever.
– Non, pense à Darwin, à l’autonomisation…
Et les gamins changent de couleur. Ils agonisent, foutent des papiers partout, et la pluie s’accélère. La pitié envahit le coeur des parents. « Allez, vous rentrez maintenant », leur lancent-ils en entrouvrant la porte. Et les gamins rappliquent. Ils puent, ils sont tout moches, ils ont froid et pleurent. Ils sont gros, mais refusent de confier à quiconque leur chocolat. Ils veulent le manger tout de suite. Alors ils s’attablent, dégueulassent la maison tout entière et mangent en pleurnichant devant des parents énamourés, fiers de « laisser de bons souvenirs » à leurs ouailles.
Quel bonheur de ne pas avoir d’enfant mais d’être celle de quelqu’un. Plus qu’à manger un bon repas et dire merci pour le joli sujet choisi pour moi ^^
Quand à mes futurs enfants qui seront en fait mes neveux et nièces, ils pourront chercher à loisir leur butin, dans mon superbe appart…
Ce sera que des indices pour les mener à la quête suprême qui une fois obtenue n’engendrera aucune catastrophe puisque « tata grosse tête » (ouai j’ai inventé mon futur surnom) aura préparé le terrain avec des règles draconiennes! Mais alors quel plaisir pour les bambins me direz vous? et bien ils auront exactement le petit sujet rêvé dont ils rêvaent et qui en plus sera super mega giga gros et bon 😉
Parce que bon l’important c’est pas la chut mais l’atterrissage!
Tout ça pour dire que je kiffe ton article mec!
*rêvaient (dsl c’est dimanche)
Merci !
Les cloches officient donc également dans les appartements ? Et comment légitimeras-tu ça ?
Sympa !
C’est vrai que enfants je me voyais un peu comme dans « Man VS wild »… Le chocolat à la sauvage avec le petit bout d’aluminium qui reste dans la bouche et la grande question « je le crache ou je l’avale? » (au final on le machouille quelques minutes avant de se décider)
Enfin, Méfion nous des cloches car… Ils savent ouvrir les portes…