Mes tifs, ma bataille.

Coiffeur pour dames, donc.

 

 

Avec des copines, on est allées à Barcelone, cet été.

Comme on est des filles assez culturées ouvertes d’esprit et originales, on s’est appliquées à s’immerger totalement dans les us et coutumes espagnols, pas touristiques pour un sou ; on a rôdé sur la Rambla, bu des smoothies au marché couvert de la Boqueria, mangé des tapas, Plaça Reial et claqué des biftons chez Desigual.

Jusque là, tout va bien.

Puis on a décidé d’aller traîner nos guêtres jusqu’au vieux port et c’est là que les choses ont commencé à se gâter.

J’ai tout d’abord senti, le fond de l’air se rafraîchir.

Avant que les effluves marins, chargés d’humidité et d’intentions franchement hostiles, ne nous foncent droit dessus.

L’attaque a été sournoise et insidieuse, je n’ai rien vu venir.

Elle m’a d’abord prise par les petits cheveux des tempes, les faisant écume de mon désastre capillaire, avant que la sueur de la mer ne prenne possession, avec une rare sauvagerie, de ma tignasse entière.

APOCALYPSE NOW DANS MA PERRUQUE.

Et c’est en mood ‘Jackson Five‘ que j’ai admiré les bateaux, s’éloignant vers le large.

Mes parents m’ont dotée de cheveux peu communs.

J’ignore s’ils y ont mis, un peu trop de coeur à l’ouvrage, ou si ma mère, enceinte, a abusé de Polnareff et Hendrix, toujours est-il que je suis née avec une plus que vigoureuse cascade de cheveux, d’une indiscipline qui frise l’insolence.

Rien n’y vient à bout, j’ai beau user d’onguents qui coûtent un bras, j’ai toujours l’air d’avoir été coiffée par une meute de chiens de cirque.

J’ai pris trés tôt conscience de cette particularité. L’hiver de mes cinq ans, pour être précise. Ma mère, pour des raisons professionnelles s’était résignée à nous laisser, mes soeurs (également gâtées capillairement par Dame Nature) et moi-même, sous la garde de mon père.

Cet hiver là, on a mangé des montagnes de gâteaux au yaourt, à la banane et au riz mais ce fut, malheureusement, au détriment du démêlage des paquets de noeuds qui nous servaient de coiffes.

Ma maîtresse d’école me voyant arriver chaque matin, un peu plus enmêlée que la veille, un jour n’a plus tenu :

« Viens par ici Miss Pomponette (oui, oui ma maîtresse m’appelait comme ça) que je te coiffe un peu. »

Elle m’a brossée, brossée, brossée pendant un tas de minutes qui faisaient presque des heures, elle a appelé Elise (la dame qui nous enmenait faire pipi) en renfort,, j’ai vu leurs visages atterrés par l’ampleur de la tâche, en nage elle ne cessait de marmonner « Mais j’ai jamais vu ça, mais j’ai jamais vu ça… »

Elle l’a fait une fois.

Pas deux.

L’hiver de mes cinq ans, j’ai donc appris deux choses : Que mon papa excellait en patisserie et que mes cheveux sortaient de l’ordinaire.

Longtemps, j’ai cherché à lutter contre cette exubérance, allant jusqu’à tenter de dompter cette crinière au fer à repasser. Elle eut toujours le dernier mot et j’ai fini par suspendre les armes; adieu plaques, brosses rondes et sèche-cheveux.

Pour limiter les dégâts, je suis devenue experte en météo.

J’ai appris à danser sous l’orage.Entre les gouttes.

J’ai appris à virvolter avec les vents, ceux qui lissent, ceux qui flinguent.

Et entre deux averses et une tempête de tramontane, je suis aussi devenue, le cauchemar des coiffeurs.

Le rendez-vous au téléphone, ça se passe toujours trés bien. Puis quand j’arrive, je vois les mines se déconfire violemment.

Dans le salon où j’ai mes habitudes, ils se sont tous affublés de petits noms de pierres, un peu, précieuses ; le patron, c’est Rubis, le grand, maigre, un peu d’traviole, avec les yeux vaguement bleus, c’est Turquoise et puis y a Ambre, celle qui s’est valeureusement dévouée, MA coiffeuse.

Je l’aime bien Ambre, c’est une fille gentille et drôlement courageuse mais le souci, c’est qu’elle, avec ses trois petits cheveux qui se battent en duel sur la tête, elle ne comprend pas, elle ne PEUT PAS comprendre,mon fatras capillaire.

« On va commencer par le bac, si vous voulez bien…? »

Le bac, c’est son évier, ridiculement minuscule.

Je lui nique sa bouteille de shampoing entière, trois serviettes au moins et ses canalisations d’évacuation des eaux usées.

Puis vient l’heure du démêlage : Ambre, qui n’a, visiblement, toujours rien compris, dégaine un peigne. Un petit peigne. Un tout petit peigne pour souris., qui risque fort de ne pas sortir vivant de cette folle aventure.

« Êtes-vous bien certaine de vouloir euthanasier ce pauvre peigne ? » lui demandé-je.

Elle dit oui. S’obstine. Têtue, va jusqu’au bout de son chemin de croix. Et je finis toujours par ressortir avec une espèce de coupe mi-Tina Turner, mi-lionne enragée.

Je ne m’étendrais pas sur l’anecdote, fort déplaisante, d’un de mes ex, qui un matin, d’humeur assez taquine, eut l’audace de me lancer  » Combien de sucres dans ton café, DON KING ? »

Va sur Google images, tape « boxe don king » et comprends ma douleur.

Sur ce, je file. Le bienfaiteur vent du nord vient de se lever. Faut que j’aille me laver les cheveux.

 

 

4 commentaires

  1. Hi, hi, hi, ça me rappelle bien des choses !
    Moi j’ai abandonné brosse et coiffeur : le démêlage c’est au doigt sous la douche et avec un max d’après shampoing et la coupe c’est par une copine qui taille dedans (depuis fini les sorties de coiffeur en forme de caniche ou pire, avec un brushing qui me fait ressembler à un cocker malheureux, qui ne tient pas et pour lequel j’ai laissé la moitié de ma tignasse sur le sol …).
    C’est bizarre d’ailleurs ces métaphores canines pour parler de mes cheveux …

    Mes nouveaux dieux : beurre de karité, huile de jojoba (avant le shampoing ou l’après shampoing) et huile de coco après !

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