
Je suis quelqu’un d’angoissé. Avant même de commencer cette note, une fois la grande page word ouverte, j’ai eu besoin d’entamer un paquet de cigarettes, de fermer la fenêtre et d’aller faire quelques courses insignifiantes qui pouvaient très bien attendre. Ecrire m’angoisse !
Je reprends cette note commencée à 10 heures ce matin. Il est déjà 18 heures. Entre temps, trois rendez-vous pros et beaucoup de présence inutile sur le net qui n’a servi qu’à m’éloigner du but. Avant je n’écrivais pas, parce que mon écriture manuelle est tellement pourrie que moi-même je n’arrive pas à relire. Mais là, pas d’excuse. J’en suis conscient.
Il fut un temps où je noircissais des pages moleskine au kilomètre. Je prenais du plaisir à m’acheter des stylos, des cahiers, des feutres et des crayons pour dessiner. Tous les soirs, je me rendais au café Hugo, place des Vosges à Paris, et de 23 heures à la fermeture, j’écrivais. Certes, je draguais aussi les serveuses… Mais bon, l’écriture était mon moteur. La journée, en fac de médecine, je m’asseyais au fond de l’amphi et j’écrivais. Les slides passaient et, pendant que mes collègues toubibs apprenaient le fonctionnement du cœur humain, je sondais le cœur urbain.
Ces mots n’ont jamais été lus et je serais incapable de les déchiffrer. Pourtant, un projet a vu le jour grâce à ces nuits. Mon premier film, « Code 178, des mots sur l’avortement », est né de toutes les questions que je me posais après un stage dans un service d’IVG et une expérience personnelle. Le fait d’avoir réussi à produire et à réaliser ce film a changé, à jamais, ma démarche d’auteur.
En effet, il est plus facile d’écrire quand on pense que cela ne sert à rien. Quand on sait que cela peut marcher, et même qu’on peut éventuellement en vivre, c’est beaucoup plus difficile. Depuis, aucun des projets que j’ai écrits n’est allé à son terme. Depuis, c’est-à-dire, en trois ans. Il faut l’avouer : j’ai eu de beau succès d’estime auprès des tiroirs des diffuseurs. (Mon producteur @alexandrecornu lira probablement ce post et se prépare déjà à me mettre une fessée. Je lui fais d’avance un bisou.)
Pourquoi écrire ? Parce qu’on a des choses à dire un regard singulier sur le monde à partager ou pas mais qu’en tout cas on a envie de formuler. Quand j’écris, quand je fais un film quand je démarre un projet c’est parce qu’à ce moment-là je suis sûr que je peux apporter une valeur ajoutée au sujet. Mais alors pourquoi « megaconnard » la réponse vient d’une question (jewish style) : Comment prendre du plaisir à écrire quand c’est aussi un gagne-pain ? Quand cela devient une chose sérieuse ? La réponse s’est imposée à moi : Écrire Futile.
Facebook, puis Twitter, où j’ai affiché la couleur dès le départ en choisissant mon pseudo : megaconnard. Et je m’y éclate vraiment. Évidement, l’angoissé que je suis en a fait une nouvelle source d’addiction et d’insomnies. Les plus anciens followers s’en vont sans dire au revoir, et on se prend à tweeter des conneries parce qu’il n’y a que cela qui marche. L’exemple parfait, en live : (20 RT et ce n’est pas fini)
Je me suis alors demandé pourquoi j’étais plus à l’aise dans mon twitter que devant éternel « document 1 » de word. Et là, il y a plusieurs réponses. D’abord, avoir un public grâce auquel on peut mesurer, sinon la qualité au moins la popularité, de ses propos. Ensuite, le fait de m’appeler « Megaconnard » m’a libéré.
On exprime mieux son talent en racontant des conneries, alors ce site sera celui de tous les gens talentueux qui ont besoin d’en lâcher. L’important c’est d’écrire, se libérer, se faire du bien. Ce n’est pas vraiment une note de connard, mais comme vous le savez maintenant, Megaconnard n’est qu’un masque.
Je vous le prête.
Megaconnard himself
Et un grand merci aux relecteurs et relectrices.
Ajout de 17H23:
Ce site a la prétention de ne pas en avoir.
Non, pas de fessée, un bisou.
Et une mauvaise nouvelle : notre projet Webstern, il va aller jusqu’au bout !
La peur de gagner peut-être? En tout cas, ce post est très sympa et pour le reste, elle est où la rubrique ciné???
En tout cas moi j’ai envie de voir/lire le prochain opus…
Et oui, c’est ça, après il y a aussi les attentes du public…
Béa A
Oufti ! (c’est du belge principautaire càd liègeois, que je ne suis pas – mais a-t-on une identité ferme quand on est belge ?) Alors, « dire futile » je trouve cette expression formidable une fois (pas 2 sinon c’est plus belge). Donc « s’autoriser à dire n’importe quoi » comme dirait mon gourou (vous devinez qui ?) : wow wow wow ! Le « hic » c’est que je ne suis pas encore assez mégaconnard – mais où ai-je donc mis mon petit sac rouge ? – mais, bon, je vous lis (h)ard et asse … faut un début, non ? Je prie pour toi saint mégaconnard surtout parce que t’en as vraiment pas besoin … mais ça me tient éveillé !