En attendant l’e-auscultation du mouvement social pour avoir s’il est victime ou non d’une crise d’asthme, votre dévouée piapiateuse s’est offert une pause « 4ème dimension », une pause « l’autre visage de la presse » , une pause : Le Nouveau Détective.

Certains parmi vous ignorent peut-être ce qu’est Le Nouveau Détective. LND est un « magazine d’enquête » comme le dit modestement son sous-titre, qui pendouille généralement dans les présentoirs tournants des kiosques à journaux. Il se compose de plusieurs rubriques : « Horreur », « Tragédie », « Meurtre », « Angoisse », « Tristesse », « Drame » je l’ai déjà dit ? Non, c’était « Tragédie »,  alors : « Drame », « Aux assises », « Lynchage » et pour finir « Soulagement » , on n’est pas des brutes…

Côté contenu, cette semaine le sommaire du Nouveau Détective nous propose : « La Verrière, 12 personnes défenestrées, « j’ai vu des enfants jetés par la fenêtre… », l’effroyable témoignage », une investigation rondement menée, si ce n’est une petite omission dans ce passage :  « …C’est comme une prémonition car, à cet instant précis, quelqu’un frappe à la porte. Armand ouvre et se trouve nez à nez avec un Black immense entièrement nu, les mains pissant le sang. C’est Francisco, son voisin du dessus! ». Petite omission donc, puisque l’on sait que « Francisco » cachait en réalité ses diaboliques attributs avec un paillasson, on ignore en revanche si ledit grattoir à pompe portait la mention « Bienvenue »…

En Une, un autre article tout à fait passionnant sur Pessac : « Comme on noie un chaton, il a arraché le bébé aux bras de sa mère puis il est allé à la rivière pour le tuer. » Arracher, tuer, noyer, c’est facile et  au moins ça nous change des retraites et des Woerth et des Roms…Ah, quoi que…. Non, à bien y regarder il y a un entrefilet page 30 : « Bianca, 12 ans, enlevée par des roms pour la prostituer« , au temps pour moi.

J’ai été personnellement fort divertie par l’histoire du Colonel Russel Williams dans la catégorie « Horreur » : « La Double vie du colonel » « une enquête de notre correspondant », j’adore les récits militaires et j’aime beaucoup le style de « Notre Correspondant ».  Ce colonel de l’armée américaine faisait la tournée des popottes pour se fournir en petites culottes qu’il revêtait par la suite pour se faire un album photo perso. Bon après, ça a un peu dégénéré, quand il s’est mis à violer et à tuer mais il a quand même su penser aux autres en déclarant : « Le plus important pour moi, c’est de préserver la réputation de l’armée et la vie de ma femme. » On a en effet une pensée pour l’armée et pour sa femme quand on voit les photos en travesti publiées par notre magazine d’investigation.

Si j’ai décidé de ne pas publier ici lesdites photos, je laisse les petits curieux aller d’eux-même les consulter  sur Paris Match.

Moment délicieux aussi avec « Les délires de « gros dégueulasse », d’abord un viol dans la voiture, puis un sandwich chez Mac Donald’s…L’accusé a une de drôle de façon de concevoir une soirée en amoureux… » Un peu d’ironie journalistique dans des témoignages si poignants ne peut pas nuire. « Les délires de « gros dégueulasse »« , c’est un compte rendu d’audience lors du procès de Pascal  Besançon (sans blague) qui violait ses maîtresses après avoir ausculté leur intimité au speculum, au début j’ai lu spéculoos, ça n’avait pas de sens bien sûr. Ce qui est agréable dans Le Nouveau Détective c’est qu’au delà du travail de recherche, il y a une vraie qualité d’écriture pour que l’on se sente au plus près de l’action :

« A son retour Pascal l’attend, furibard, un matelas posé au milieu du salon.

– Sale lesbienne ! T’as couché avec ta copine, c’est ça ? Tu vas voir ce que tu vas prendre !

Au programme : du fil de fer pour lui attacher les mains dans le dos et deux jours de « sodomie punition » pour qu’elle « comprenne ».

Un  journaliste classique se serait arrêté à « t’as couché avec ta copine? », ici le « c’est ça? » apporte une intensité dramatique très réaliste, bien joué LND.

Encore un plus pour les lecteurs : l’interactivité. A chaque page un macaron vient nous rappeler que l’on peut exprimer nos sentiments à une rédaction compassionnelle :  » Quand les pompiers sont arrivés, il était trop tard. La petite était morte. La grande était dans le coma. Elles n’ont pas eu le temps de souffrir… » « Emu?, bouleversé? Faites-nous partager vos émotions. Ecrivez à : courrier.lnd@nuitetjour.fr ». Sympa LND.

A tous ceux qui pensent que Le Nouveau Détective est un magazine qui a pour seul but faire appel à nos pires sentiments je répondrai que c’est faux, il y a aussi des jeux et des

blagues, on n’est pas des monstres  :

« – Dis donc Mamie, c’est quoi un  amant ?

Et la mamie en question se précipite dans sa chambre,

ouvre un placard…

Et il y a un squelette qui en tombe ! »

Elle est bonne, hein? Elle est bonne !

« Toujours libre, Détective, découvrira ce qu’il est nécessaire de découvrir pour le bien public« , Joseph Kessel. Si ça vient de Kessel, alors…Alors en matière de découverte comme on dit à Pontarlier : « Quand on prend la peine de découvrir les ficelles, on se sent moins marionnette… » Et m’est idée que nombreux sont ceux qui sont las d’être  pris pour des pantins alors vivement la suite  et la révolte des petits pinocchio !

Gaby Ruston I Le PiApiAt