Chaud les marrons, chaud les marrons…

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Ok. Pas évident d’écrire pour Mégaconnard. Je dois être mégacon mais pas trop pour pas déloger le chef. Je dois être mégabon mais pas trop sinon j’aurais été un vrai journaliste et pas un blogueur-je-donne-mon-avis-sur-tout-de-manière-péremptoire. Alors, je me suis dit que j’allais faire un truc banal, que la ménagère de moins de cinquante ans pourrait écrire pour être lu par le bobo journaliste tout juste trentenaire (ou l’inverse, des fois je sais plus trop).

Le marronnier c’est un peu le truc où on dit tous à haute voix « putain, font chier ces journalistes, ils ont pas de la vraie actu à nous montrer » mais où on pense tout bas « cool, du prêt-à-mâcher facile, pas de prise de tête ».

Tour de liste (ouais j’assume).

Le classique du tour : le chassé-croisé du 15 août

A priori : Le chassé-croisé, c’est vraiment le reportage sans intérêt. Oui, on sait bien que y’a que les ploucs et/ou les débilos qui décident de partir/rentrer en/de vacances ce samedi-là. Faut pas être sorti major de l’X pour se dire qu’il vaut mieux voyager quelques jours avant ou quelques jours après…

En fait : c’est rassurant, ça ne mange pas de pain et finalement dans ce monde où la catastrophe nucléaire est si proche de nous, c’est plaisant de pouvoir retrouver ce rendez-vous aussi sereinement d’année en année. En effet, quoi de plus jouissif que de mater la gueule juvénile de Zinédine Boudaoud commenter pour France 2 les ennuis de Gérard, de sa moustache, de ses deux gosses blonds tout moches et de sa femme encore plus laide, perché au-dessus de l’A6.

Le familial : Noel, nouvel an & co

A priori : Bordel, on a tous le même calendrier, donc pas la peine de nous bassiner avec ces reportages consuméro-religieux. Oui Jésus est né, il a comme (presque) tout le monde attendu huit jours avant de se faire retirer le prépuce etc…enfin, on connaît la chanson.

En fait : Les fêtes de fin d’année se conjuguent au pluriel (putain la formule). Après tout, ça permet d’oublier la crise économique (si  tenté qu’il y en ait eu une mais bon ça c’est un autre débat), de relancer la machine à papa. Et puis c’est joyeux, on danse, on boit, on chante, on s’oublie, on oublie et tout un tas d’autres activités qu’on ferait pas vraiment le reste de l’année.

Le bien-pensant-collectif : Israël/Palestine et la solution binationale

A priori : Déjà, ça ne devrait pas être un marronnier mais bon si on choisit pas sa famille, on choisit pas non plus quand un kamikaze décide de passer des paroles aux actes ou quand Bibi a des sauts d’humeur et qu’il souhaite regeler le dégel des constructions à Jérusalem. Alors, bon on fait avec l’actualité plus que chargée du Proche-Orient.

En fait : C’est gonflant. Pas le conflit au Proche-Orient, ça c’est pas gonflant, c’est juste dommage que des mecs se mettent sur la gueule pour un lopin de terre. Non, ce qui est gonflant avec ce marronnier, c’est cette avalanche d’articles bien-pensants, aux poncifs édulcorés avec des solutions comme « Il faut que les gens se parlent », « l’autre n’est pas si différent », « deux Etats pour deux peuples ». Salaam, chalom mais foutez-nous la paix les Germanopratins !

Le scolaire : la rentrée de Septembre

A priori : C’est quoi  la news de l’année ? Y’a des stylos 5 couleurs ? Des gommes qui effacent l’encre ? Alors oui c’est un marronnier donc pas de grosse surprise mais le même constat annuel : ça coûte cher la rentrée, les cartables sont beaucoup trop lourds et vas-y que je t’en balance de la phrase-à-faire-pleurer-dans-les-chaumières.

En fait : Hyper générationnel comme marronnier. Quand j’avais 10 ans, le reportage disait que Maman devait nous acheter le cartable Spiderman et Papa des nouvelles baskets Airnike. Aujourd’hui, Maman élève seule le petit donc elle va déjà devoir se taper toutes les courses. Et puis, c’est plus Spiderman mais Tokyo Hotel. Sociologiquement, ce marronnier est hyper intéressant : il est facteur d’identification au groupe, à sa génération. Dis-moi ton cartable et tes fournitures et je te dirai qui tu es et qui tu hais.

L’inutile : le passage à l’heure d’hiver (et sa réciproque en été)

A priori : Just no way. Oui, j’ai besoin de l’info parce que je suis étourdi et que sans ce rappel, et ben j’oublierais mais je vois pas pourquoi  je me tape un supplice de 2 minutes deux fois l’an.

En fait : « La France a du talent » et surtout « nos vieux métiers ont du talent » : mais oui, avec ce reportage, c’est l’occasion de visionner tous ensemble cet artisan qui fabrique des montres en rotin qui sonnent une fois de plus pour le changement d’heure, ou bien encore d’interviewer Germaine, retraitée polie poly-pensionnée, qui va nous rappeler que Giscard a pas seulement fait du bruit avec l’IVG mais aussi avec le rétablissement de l’heure d’été.

Le douloureux : non Jef t’es pas tout seul (les clodos quoi)

A priori : C’est triste mais c’est comme ça. Après tout, faut bien que certains partent pour que d’autres arrivent…that is the circle of life.

En fait : les marronniers sur les SDF qui meurent de froid en hiver (ou de chaud en été, cf. canicule même si vieux n’est pas synonyme de clochard) sont en fait vachement utiles pour l’économie : je compatis, j’achète une part en plus pour donner à un pauvre clochard. A défaut de lui ouvrir les portes de mon  4 pièces  dans le 17ème, je lui permets de se réchauffer avec un peu de bouffe. Et donc, ce que j’achète pour lui, je ne l’achète pas pour moi. Donc je dois racheter une part pour moi…et ainsi de suite.

On l’a compris, la liste des marronniers est sans fin. C’est à se demander si nous ne vivons pas exclusivement pour ces reportages usés jusqu’aux os. Allez, je file à la cueillette aux châtaignes. Chaud les marrons, chaud.

@natanaelbloch

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