Vous êtes-vous déjà posé sur un toit ? Quand je dis un toit, je parle d’un vrai toit à soi, pas un toit d’immeuble, hein ! C’est pas drôle un toit d’immeuble. C’est carré, rectangle, ou toute autre chose, rayez la mention inutile, bref c’est anguleux et surtout, c’est horizontal. Et quand ça l’est pas, c’est inaccessible sans grue. Si vous avez eu la chance d’y accéder quand même, bravo à vous, tapez 1. Si vous n’en avez jamais eu l’idée, tapez sur votre voisin. Sinon, tant pis. De toutes manières, au moment où ceci est tapé, vous n’avez pas le pouvoir de réagir.

Quoi qu’il en soit, moi, j’ai déjà essayé. Faut dire qu’être installé sous les combles aménagées dans une maison exposée nord/sud offre pas mal d’opportunités pour faire des conneries en douce. (Avis aux futurs parents ou propriétaires ; grippez le toit, en cas de chute vous passerez pour des gens responsables et la casse vous sera remboursée ; et merci Pop’ (Pop’ c’est mon papa à moi. De la même façon qu’Alison c’est sa copine à lui.)).
De là-haut, non-content de surplomber le voisinage, on est paradoxalement dans la meilleure planque qui soit. Et en plus, il fait bon. En été, les rares vents viennent nous caresser le visage comme un mouchoir de soie, et en début d’hiver (sinon, c’est trop froid, trop glissant, trop mouillé, trop con pour être fait), la chaleur accumulée dans la maison monte et du coup on est pas si mal que ça.

Je disais quoi déjà ?

Ah ! oui, le voisinage ! Je ne suis pas particulièrement voyeur, bien au contraire j’aime l’intimité, que ce soit la mienne ou celle des autres. Et posté sur un toit, avec vue sur deux piscines (creusées, bien entendu. Par chez moi on fait pas les choses à moitié, les piscines c’est pas du boudin, les crédits n’effraient personne) et approximativement trois hectares de terre fraîche et nue, on en apprend des choses. Que la voisine l’est aussi, entre autres choses, en plein été. Fraîche et nue ; pas sur le toit. Elle pourrait l’être, sur son toit, mais j’étais sur le mien et pas toi, et je le clame, elle ne l’était pas. Puisque c’est pas elle mais moi sur le toit.
Et de temps à autres, il se trouvait que le voisin d’une maison perpendiculaire par rapport à l’axe la-maison-de-la-voisine-fraîche-et-nue/ma-maison, pas non plus sur son toit, ni à lui ni à elle, était sur elle directement. Homme marié, deux enfants, un chien, un chat, un boulot, en exécration la plus complète devant ma famille pour la simple et bonne raison que nous partageons un nom à consonance extra-européenne. Cela faillit finir en extra-coup-de-poing-dans-ta-gueule à quelques reprises. En réalité, ç’aurait été extra à voir. Mais Pop’ ne céda jamais face à cet Ultra du FN.

Un jour de pluie en Automne, un jour normal, ledit voisin me prit en stop sans savoir qui j’étais. Dès le moment où il le sut, le voyage devint juste chiant en plus d’être pluvieux. Mais peut-être aurais-je la joie de raconter ça un peu plus tard.

Si bien qu’ait été sa vie, il la partageait avec une commère de première, mère comme peu en voient dans l’incompétence (quand lui souffrait d’incontinence sexuelle) et qui dévoila le poteau rose de 14 centimètres et des brouettes avant que quiconque et surtout pas l’autre, l’eût crié sur les toits. Ce qui n’eut pour conséquence que le renvoi de l’ascenseur dans une maison qui en était dépourvue et dont l’homme montait (chez) la voisine tandis que la femme se faisait elle-même démonter pendant les mêmes moments.
Alors bien sûr, tout ceci ne s’entend pas du haut d’un toit. Mais ça se voit. Et, avec un peu d’entrainement, pendant que le voisin travaille sur les lèvres de la nudiste à piscine, tu apprends à lire sur celles de sa femme, et les siennes. Et tu sais ce qui se cache derrière tout cet entassement de capotes usagées. Et c’est pas drôle. Mais alors pas drôle DU TOUT. Sauf si, comme moi, on adore l’humour sous toutes ses formes… Ce qui n’est pas toujours évident.

J’ai d’autres voisins d’ailleurs. Et d’autres choses à dire. Ça ne rentrerait pas sur tous les mouchoirs ouverts d’un pack de kleenex, ne serait-ce que de décrire comment la voisine à piscine est moulée. Ni comment le cocu cocufié en est arrivé là. Ni encore comment le voisinage leur fout des coups de couteaux quand ils aimeraient pour la plupart donner ou recevoir des coups de kékette.

Non, franchement, de là-haut, sur mon toit au-dessus du monde mais en-dessous de l’Himalaya, je réapprends à observer et comprendre. Quel mal y a-t-il à ça ? Surtout quand ce toit sur mon monde offre de si belles perspectives… J’ignore ce que sont devenus les acteurs des Feux de l’Amour mais je m’en sors plutôt bien avec mes petits playmobils vivants. Je suis assez heureux d’habiter une maison. Et encore plus d’avoir, probablement, les voisins les plus incroyables qui puissent être imaginés…