Par @la_question
Nous vivons une époque formidable, désolé du cliché, je ne vois pas par quel autre bout je pourrais attraper le fil. Le sentiment d’un désastre imminent est quelque chose qui trotte dans nos petites tête de singes glabres depuis un moment. Goscinny n’a pas pu tout inventer, la plupart des gaulois avaient certainement peur que le ciel leur tombe sur la tête. Pour remonter un peu plus loin, les hommes du paléolithique devaient sûrement aussi hurler de peur à s’en décrocher la mâchoire quand ils tombaient sur un os de dinosaure en bêchant leur jardin. Aujourd’hui, c’est encore mieux. L’apocalypse est à portée de main, pas besoin de sortir de chez soi.
Résumons la situation. Un peuple entier voit en ce moment son destin suspendu entre les mains de cinquante types juste armés de combinaisons doublées de teflon, de gants en silicone et de balayettes en plastique. Des nettoyeurs. Même si nous sommes bien loin des trois-cent des Thermopyles – pas de sang, pas de gloire, pas de hurlements, pas de furie, juste des chiffres, des claquements de compteur Geiger, et des hommes masqués et sans identité – certains éléments convergent : le combat est perdu d’avance, et les véritables enjeux se situent loin du champ de bataille. Ailleurs, des hommes luttent pour leur liberté, et d’autres luttent avec autant de ferveur pour être maintenus dans l’oppression. La folie ordinaire a atteint un niveau quantique supérieur. Nous dévalons à une allure chaque jour plus rapide le chemin qui nous mène à l’entropie.
Je vais passer sur toutes les élucubrations ésotériques qui voudraient dater précisément la fin prochaine de notre monde. Elles ne présentent qu’un intérêt limité, tout le monde voit bien que la machine est enclenchée et qu’une semaine un mois ou une année de décalage ne fera aucune différence. Il nous reste simplement à envisager quelle attitude nous devrions adopter face à notre extinction imminente. J’essaye pour ma part de voir tout cela sous un œil positif : si la fin du monde est inéluctable, nous avons sans doute encore le choix de ce que nous avons envie de terminer en premier. Il y a quand-même beaucoup de choses dont on pourrait se débarrasser.
Première vision : un homme sur un escabeau, accoudé à un pupitre, dans ce qui devait certainement être à l’origine un cocktail mondain réunissant un grand nombre d’hommes au crâne chauve et au portefeuille bien rempli. L’homme se rend soudain compte qu’il est seul, que tous ceux qui faisaient semblant de l’écouter sont partis. Même le type au sourcil sévère a fini par s’éclipser, et c’était le denier. Il n’a rien vu. Il n’a plus aucun public, plus personne ne l’écoute. Son monde à lui est terminé.
Peu de temps après, un autre homme arrête son camping car sur le côté de la route. Il pose ses mains sur ses genoux, et se retourne vers l’équipe qui est en train de le filmer. Ils se regardent dans les yeux pendant un moment, sans parler, puis se lèvent tous comme un seul homme. Très rapidement, la couchette arrière du camping car est dépecée, et le petit trésor qu’elle contenait partagé entre tous. Ensuite, ils se déshabillent, et se mettent à courir nus dans la campagne. En voyant le sexe de leur ancien patron se balancer en rythme et son scrotum rester comme suspendu dans les airs à chaque galipette, le cameraman et le preneur de son ne réussissent pas à s’empêcher de sourire, mais très vite, ils se reprennent, oublient l’identité de l’homme qui est en face d’eux, puis leur propre identité, et se mettent à danser une gigue désordonnée et obscène en envoyant chacun leurs membres se balancer à tous les vents.
Ensuite, les évènements se précipitent. Un philosophe en chemise blanche organise un autodafé de ses œuvres et de ses photographies devant le café de Flore. Le présentateur du journal de 13h retire son dentier et se met à glousser comme une oie en roulant furieusement des yeux. Un groupe de députés tories tente de faire rentrer deux barils de poudre dans le parlement anglais. A Wall Street, cinq cent courtiers enfilent des masques à l’effigie de Charlie Sheen et se ruent sur la chaussée pour distribuer des billets, de la nourriture et de la drogue. Partout, tout n’est plus que chaos et orgies débridées.
Nous gardons encore trop souvent une image de l’apocalypse sinistre et démodée, digne des représentations médiévales de la tentation de Saint Antoine. C’est d’un ennui mortel, et souvent assez décourageant. Pourtant, la fin du monde n’est pas forcément une si grosse affaire si on sait regarder du bon côté.
Je suis tellement d’accord, les catastrophes c’est surfait. Lâchons-nous, allons tous courir tout nu dans un champ de coquelicots. J’en suis.
Il ne faudra pas non plus oublié d’être bien imbibés. Le grand avantage d’une apocalypse, c’est qu’on se moque totalement d’avoir la gueule de bois le lendemain.
Saint Antoine, mon cul… j’ai bien fait de refuser ce papier sur heros ordinaires. On comprend rien. Tu vas mettre en panique le lecteur lambda de ce site (je veux évidemment parler de DGZ et JSUB) et déclencher chez eux un mécanisme qui commence par la haine et finit par une ingurgitation de marshmallows…
les boules.
vous faites pas avancer les choses hein…
nul !
Ce que tu peux être méprisant ! Je suis certain que JSUB comprendra tout. Dans le cas de DGZ, effectivement, j’ai des doutes.
Je trouve cet article particulièrement bounçant et en accord avec mes propres sentiments.
Ça veut dire que tu es prêt à te rouler tout nu dans l’herbe avec moi ?