– Voilà pour les devoirs. Maintenant, concernant les poux, vous savez comment ça se passe, il est possible qu’un élève en ramène à l’école, c’est pourquoi je demande aux parents d’être vigilants et de mettre un mot dans le cahier de liaison s’ils en trouvent dans les cheveux de leur enfant…
Je n’écoute plus. Je pense aux poux et à ce mot qui revient chaque année pour dire qu’ils sont de retour. D’ici la fin septembre, on va encore y avoir droit.
« Les poux sont de retour. Merci aux parents de faire le nécessaire ».
Efficace mais sec. Autant s’amuser à changer un peu le message, de rendre ça plus sympa.
« Frouloulou, les poux sont de retour sur nos têtes. S’il vous plait, faîtes quelque chose car ça gratte, ça picote, ça démange et ça dérange. »
C’est sympa.
Pour un débile léger.
Là, on s’adresse aux parents.
Autant utiliser les références qu’ils connaissent.
« Les poux sont là. Si rien n’est fait dans les 48 heures, je rase toutes les têtes. Fini les chouchous, les pinces à cheveux et la coupe mulet. Vos enfants auront l’air de sortir d’Alien3 et ce sera bien fait pour vous. Ps : Il arrive que ma lame rippe. Pas grave, vos enfants auront une histoire à raconter à leur descendance quand on leur demandera pourquoi il leur manque la moitié du crâne. Bien entendu, ce sera entièrement de votre faute. »
Un peu dur. Peut-être faudrait-il simplement s’inspirer des vieux films.
« Méfiez-vous ! Ils sont là !!! Ils sont peut-être déjà dans votre famille !!! Surveillez vos têtes et celles de vos enfants ! Ceci n’est pas un exercice ! »
Assez peu crédible. Autant y aller franco, déclarer la guerre.
« Les poux sont là ! Tirez dans le tas ! »
Mouais. Je sens que certains parents ne vont pas aimer. Autant y aller avec un brin d’humour.
« Les poux sont là, passez les cheveux au peigne fin »
– On vous dérange ?
– Hein ? Heu, non…
– On peut rire avec vous alors ?
– Ouais mais non, c’est…
– Vous ne voulez pas nous faire profiter de cette grosse blague qui vous fait tordre de rire depuis dix minutes…
– Non mais c’est dans ma tête…
– Vous perturbez mon cours et ça vous fait marrer !!
Autour de moi, les regards des parents sont lourds. Le perturbateur est identifié. Il ralentit le cours de l’exposé. La maitresse écrit sur une feuille.
– « Je ne dois pas me moquer de la maitresse pendant la rencontre parents-professeur ». Vous me le copiez cent fois et vous le faîtes signer par votre fils.
Elle me tend la copie double. Je baisse les yeux pour aller la chercher.
– Et vous refermez la porte derrière vous, merci. Bon… où en étais je ?
Ne reste plus qu’à savoir comment je vais expliquer ça à mon fils…