Le plan cul IRL

J’suis une meuf qui a CANAL + à la demande, j’suis une meuf snob qui se plaint toujours que le cinéma c’était mieux avant. J’suis surtout une meuf qui peut à tout moment  et sur un malentendu, sélectionner « Sexe entre amis » et ouvrir un pot de Ben & Jerry cachée dans le fond de son canapé. Une vraie connasse.

I did it. Je l’ai maté du début à la fin, animée par des pulsions adolescentes pendant plus d’une heure. Mon cœur et mon cul faisaient des montagnes russes, j’ai adoré ! Enfin, c’était pas mal quoi …

Le pitch : Justin Timberlake est trop déçu en amour, et ça tombe bien parce que la meuf brune bonnasse en face aussi, elle est méga déçue.  Ils se sont tous les deux fait larguer et finissent «  par hasard » par se rencontrer. Evidemment, elle est chasseuse de tête à NYC et lui est un bloggeur brillant promu DA chez GQ (Notre quotidien, en somme.).Et comme deux bons déséquilibrés affectifs, ils décident de pratiquer du cul sans sentiment. LOGIQUE.

 

 

#FAKE

Là, une bonne vieille voix venue d’outre tombe vient te susurrer «  HEY OUAIS, UN PLAN CUL QUOI », et tu te souviens …

Et plus tu te souviens, et plus « Sexe entre amis » devient une putain d’imposture sur laquelle tu écraserais bien ton pot de glace si tu n’avais pas un écran plat, et surtout si tu avais des couilles.

 

Evidemment, le tien n’a pas la tronche de Justin Timberlake, il n’est pas repéré par GQ, il essaie plutôt de faire face à sa condition de concepteur-rédacteur raté et n’envisage aucune évolution dans sa vie sinon, le secret espoir que le prix du café baisse à la machine cette année. Le tien a un air non chaland, il est flou, tu ne parles pas assez avec lui pour savoir quel genre de mec il est, et parfois quand tu te surprends à être dans son lit, t’as une sorte de gêne de merde du genre « Mais qu’est ce que je fous là ? ». Toi non plus hein, t’es pas la bonnasse chasseuse de tête, hypra golax,  distante mais pas trop, drôle mais pas ridicule ou encore sexy mais naturelle. Toi les paradoxes sont situés plutôt ailleurs : Célibataire endurcie mais à la recherche de l’amour, l’amour mais pas comme ça, plus comme ça ouais, pas tout à fait, pousse-le plus vers la droite, ouais non, on va pas le mettre ici, ça rend pas assez bien, décroche-le, T’AS RIEN COMPRIS PUTAIN ! Compliqué quoi.

D’où la conclusion flagrante :  nos plans cul, ça se passe pas vraiment comme dans « Sexe entre amis ». PAS DU TOUT, ALORS FAUDRAIT QU’ON ARRETE DE DEVELOPPER CHEZ NOUS DES COMPLEXES D’INFERIORITE ! BORDEL A PUTES.

PRIMO, NON EQUITE :

Nous ne partons jamais sur les mêmes bases dans les plans Q IRL. Quand lui ne veut que te ramener chez lui pour te baptiser contorsionniste chinoise ayant pour principale qualité d’avoir appris le Kama Sutra par coeur, toi tu commences à trouver que c’est un chic type et que quand même ça se passe bien au lit, que vous vous prenez pas la tête, que c’est SIMPLE.  Ouais, les meufs aiment bien dire ça avec un verre ( ou une bouteille.) dans le pif : « Tu vois, avec lui … C’est différent. Je sais pas comment l’expliquer, mais … C’EST SIMPLE. »

Dans ces cas là, la simplicité se trouve ailleurs, j’ai envie de dire.

D’ailleurs une amie avisée te dit toujours :

–       Franchement, le cul, c’est 95% du couple.

Et toi comme une gredine, t’y crois. Il ne te reste que 5% et t’es au top.

OUAIS MAIS NON. Pendant que toi tu interprètes tout comme étant des gestes passionnés d’un mec amoureux, lui continue à croire que t’es cool de pas lui prendre la tête.

Ex : Il te propose de venir faire « ça » chez lui en sortant de soirée. Fait tout à fait normal puisque vous êtes des plans Q et que techniquement, il s’avère plus pratique de copuler dans un lit ou sur un meuble Ikea quelconque mais à l’intérieur d’un appartement que sur la façade d’un immeuble Haussmannien sur les Grands Boulevards.

Interprétation féminine : Il décide enfin à m’emmener chez lui, ça veut donc dire qu’il n’a pas de copine et surtout ça veut dire que lui et moi on a passé un cap dans notre … euh, notre plan cul ? Nooon ! Notre histoire, ouais, voilà, ça devient une vraie histoire * papillons, tournoiement de jupe, étoiles et consorts *( vomito.)

Interprétation masculine : J’ai vraiment trop bu pour penser, en même temps, elle a l’air hyper open comme meuf, et franchement j’habite à deux rues d’ici, ça m’évite la prune en scoot et la panne de l’alcoolique arrivé chez elle, ce qui anéantirait toutes mes chances de coucher ce soir. Non mais là au niveau du timing on est bon, 10 min pour arriver à la maison / 10 minutes pour faire « ça » et je pionce tranquille demain. Et si elle veut pas bouger, je demanderai à Guillaume de m’appeler pour un truc urgent.

DEUXIO : Le complexe du canard en plastique dit de la bombasse sexuelle :

Quand tu vis une relation uniquement basée sur le cul, ton cerveau assimile ça comme une sorte de « victoire » de ton physique sur ton intellect. Plein de nanas diront que c’est vraiment « trop dégueulasse », que « ça se fait pas », certes. Mais au fond, quand on gratte un peu la couche de moralité manichéenne, on se rend compte que nous les nanas, on est hyper flatté d’être un objet sexuel juste au regard sans être associé à un intellect particulier. On devient une sorte d’icône qui gomme par la même tous nos défauts, adieu complexes complexes et alambiqués. ON EST DES BOMBES !

Le cheminement du cerveau doit ressembler à ça :

Meuf :

J’suis vraiment trop bonne, j’sens que j’ai un sex-appeal de ouf > Il peut pas résister de toutes manières, on le fait à chaque fois qu’on se voit > Entre nous c’est grave physique, y’a un truc quoi … > Je t’explique même pas comment il va me kiffer quand je vais lui prouver qu’en plus d’être le meilleur coup de sa vie, je suis une nana brillante > Il va être dingue de moi > Et puis il est si chou avec ses toc d’oreillers 😉

Mec :

C’est vrai qu’elle est bonne > Bon, ok, elle a des poils sur la nuque et du duvet sur le ventre, mais bon, on y repense que le matin quand on se réveille > Bon, elle connaît même pas Diablo, ça par contre ça craint > Et puis elle me fait penser à ma tante quand elle boit son café ( Cherche pas de logique là-dedans, y’en a pas.), et surtout quand elle prend son pied, elle a vraiment une mimique de ma mère, ça m’dégoûte un peu, et dire que je lui ai fait croire que c’était excitant pour moi de faire l’amour en maintenant un oreiller sur la tête de ma partenaire, AH AH AH.

Tout est donc une question d’équilibre. Le bipède femelle toujours enclin à croire qu’il est le centre névralgique de la génialitude et le bipède mâle répondant juste à des pulsions sans même entendre qu’au fond un petit cœur bat. ( co-con, co-con, Patrick Swayze represent.)

Attention, cette analyse peut marcher dans un sens comme dans l’autre. En aucun cas je ne rejetterais la faute sur le bipède mâle qui peut en effet, être celui qui s’enflamme pendant que madame tente désespérément de trouver l’homme idéal. Ce qui donne à peu près ça :

Terrasse de café / debrief amical / Copine à copine / Café – clope / « Ouais, ouais, y’a deux écoles, mouais. »

–       Non, mais avoue que t’as des sentiments pour lui … Tu l’vois tous les jours quasi.

–       J’suis obligée, si je nique pas pendant 2 jours, je me sens plus désirable, et si je ne dégage pas un truc hypra sexuel, que je sécrète que quand je baise et qui me donne confiance en moi, bah comment veux-tu que je rencontre un mec bien ? J’suis dépressive dés que je suis pas le centre du monde de quelqu’un … Tu vois ?  ( Vous avez bien tout suivi ? )

–       C’est dégueulasse pour X … Je crois que lui il te kiffe …

–       Il baise super bien, en plus comme c’est pas du tout mon genre, je me sens super libérée,  j’suis pas dans le jugement, je suis vraiment moi quoi. Je fais des trucs que j’aurais jamais fait avec un mec que je kiffe vraiment ( Bienvenue dans la tête des femmes.) … c’est SIMPLE. ( Ouais, ne pas être soi avec quelqu’un qu’on aime c’est SIMPLE. )

Bon à a fin Justin et la bombasse se réconcilient avec l’amour et il lui organise un flash-mob dans une galerie marchande, un petit truc quoi, facile à imaginer en 1 heure avec 600 potes danseurs. On peut tous le faire, sérieux, c’est easy, ça fait plaisir et puis c’est pas comme si c’était pas réalisable.

Toi en revanche, la fin est toute autre, moins grosse production américaine, mais plus film d’auteur français, tu captes ? Moins festif quoi.

Topo :

Tu t’es fait le maillot, tu sais que tu vas le retrouver à cette soirée, et puis vous avez diné pour la première fois ensemble hier sans coucher. C’est UN SIGNE. T’as des étoiles dans les yeux, et t’as sorti ta plus belle lingerie, maintenant tu es décidée à passer à la phase «  séduction » et de faire de ton PQR une relation suivie. Et ce soir, c’est TON SOIR,  y’a une soirée où il sera là, il te l’a dit hier.

Tu arrives, tu prends un verre, tu l’aperçois, tu trépignes, il te fait un clin d’œil, il s’approche et …

–       Hey, tu es venue, c’est cool ! Je te présente Chloé. Chloé, voilà Caustic, une bonne amie.

Gênée tu analyses rapidos et tu te souviens de Chloé. Chloé, celle grâce à qui tu as pu te payer les faveurs de ton plan cul, qui lui a brisé le cœur et était partie sans crier gare. Chloé, son amour déchu qui laisse place à ton cul tout aussi déchu.

Un peu con, tu diras « Ah la fameuse ! Enchantée ! Il m’a beaucoup parlé de toi … ! » et comme une imbécile tu vas l’embrasser comme du bon pain.

Happy fucking end !

 

 

14 commentaires

  1. @Peterbucks : faut passer outre, faire les mecs qui se reconnaissent pas genre : « ouais, moi aussi les chalands, je dis non. »

    Mais sinon chouette délire, en particulier le tristement drôle : « J’suis obligée, si je nique pas pendant 2 jours, je me sens plus désirable, et si je ne dégage pas un truc hypra sexuel, que je sécrète que quand je baise et qui me donne confiance en moi, bah comment veux-tu que je rencontre un mec bien ? J’suis dépressive dés que je suis pas le centre du monde de quelqu’un … Tu vois ? »

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