Ca a commencé chez le médecin, où j’allais me faire prescrire des anti-dépresseurs. Doc m’a fait un laïus sur les informations qui arrivaient pas à traverser mes synapses, d’où mon sentiment d’insécurité qui déclenchait des crises d’angoisse dans le métro.
Oui, parce que quand t’es parisienne et que t’es quasiment née sur la ligne 9, tu t’inquiètes un peu de devenir claustrophobe dans le métro.
Je me questionnais tellement sur le coup des synapses et si il était possible, dans la foulée, que mon esprit efface mes exs de ma mémoire, que j’ai obtempéré quand il m’a demandé de monter sur la balance.
Les chiffres ont augmenté, jusqu’à se stabiliser et clignoter en rouge sur la balance.
– Nan, mais chui sportive, c’est pour ça… Vous saviez que le muscle pèse plus lourd que la graisse Doc ?
– Oui.
– Ah. Bah voilà, c’est pour ça que le chiffre est bien au dessus de la moyenne.
– Ouais c’est ça. Et votre cerveau aussi.
– Et mes chevilles, aussi.
– Vous avez une tension très basse, c’est amusant.
– Amusant ? Entre ça et mon poids éléphantesque, on se demande pourquoi je suis en dépression…
C’est comme ça que, tel un bébé cachalot, je me suis retrouvée à une réunion Weight Watchers.
Evidemment, dans la file d’attente, l’animatrice a essayé de me vendre un pack amaigrissement à « seulement 39.90 euros par mois » et des chips WW, qui ressemblaient à beaucoup de choses, sauf à des chips à l’ancienne. Alors, pour faire bonne mesure, j’ai pris des chewing-gum. Quand j’ai demandé goût watermelon, elle a fait une drôle de tête et m’a dit « suffit, entrez ».
Je me suis foutue au fond, parce que je culpabilisais d’être la plus mince.
C’est assez chouette les réunions WW, mais c’est mal foutu parce que c’est sur l’heure du dej et que je crevais la dalle. J’aurais du prendre ses chips, finalement, ça m’aurait calé. A droite, y’avait une nana qui bouffait sa salade à 3 points et sa voisine la regardait d’un oeil fou qui n’était pas sans rappeler celui d’un zombie de The Walking Dead.
Tour à tour l’animatrice a interrogé des participantes sur leur semaine. Claudine, elle faisait pas la fière et quand elle s’est mise à parler de son repas de la veille, j’aurais juré qu’elle allait avouer un double meurtre. Mais non, c’est 5 rondelles de saucisson qui la mettait dans cet état. J’avais envie de prendre Claudine dans mes bras en lui disant « s’pas grave Cloclo, demain tu jeûnes », mais j’ai senti que c’était pas la politique de la maison.
Après que Sophie ait expliqué comment elle avait niqué sa réserve hebdo de ProPoint avec 4 carrés de chocolat tous les matins, l’animatrice s’est lancé dans une diatribe sur le sport.
– Après une bonne séance de sport, on se sent comment ?
Annick : Fatiguée
Marlyse : Mal
Mimi : Affamée
– LPPM, veux-tu bien te lever et nous dire comment on se sent après le sport ?
Ca m’a un peu surprise, mais ça m’a rappellé les réunions des Alcooliques Anonymes, alors c’était sympa.
– Bonjour, je m’appelle LPPM et j’ai un gros cul.
Comme personne ne m’a répondu « Bonjour LPPM », ce qui est assez impoli, on en conviendra, j’ai enchainé.
– Le sport secrète de l’endorphine, une hormone de bien-être, qu’on retrouve par exemple pendant l’orgasme.
…
– Les tatouages ?
…
– Quand on mange du chocolat ?
– AH OUI !
– Bon, bah voilà, mangez pas de chocolat, sautez. A la corde, j’veux dire.
L’animatrice me regardait mal, alors que c’est elle qui m’avait interrogée, ça m’a foutu mal à l’aise comme en cours de français quand je faisais ma maligne avec les oxymores.
Après la réunion, y’avait un entretien individuel pour les nouvelles. La mono m’a demandé quel était mon problème de poids, alors je lui ai expliqué.
– Voyez, moi j’veux pas perdre du bas. Si je maigris des fesses et des cuisses, j’vais plus jamais pécho. Finalement, j’mange pas de gras, ni de féculents et je fais du sport 4 fois par semaine. Globalement, j’me trouve assez bonne, y’a que le chiffre sur la balance qui m’ennuie pas mal. J’peux me restreindre, mais j’vois pas le houmous sur votre petit carnet, en ProPoint, ça va chercher loin ? Pour maigrir, j’dois faire quoi alors ?
– Votre problème est psychologique, allez chez le médecin et mettez vous sous anti-dépresseurs.
Tatouage et endorphine ? Ha ben j’ai pas senti l’orgasme moi sous l’aiguille du bourreau, je sais pas si y’a de l’endorphine à la clé mais ce qui est sûr c’est que la rivières de sueur qui cascadait partout sur mon épiderme m’ont pas vraiment aidé à me sentir bien.
Sinon, saint-yorre, j’adore ! Sans dec, tu l’as rêvé cette réunion ou tu es tricarde à jamais chez WW ?