Je n’avais plus rien à me mettre. Rien du tout. Les derniers pantacourts-marcels sales, l’ultime polo Lacoste giga-swaggy imbibé de sueur. Il fait beau, il fait chaud, alleluia, réjouissons-nous de ne plus rien avoir à se mettre.
Alors j’ai ressorti la pile de tee-shirts moches. On a tous, quelque part chez nous, cette pile de tee-shirts dont on sait qu’ils ne serviront qu’en dernier recours. Je suis coureur à pied, il se trouve que j’ai entassé les fringues à l’effigie de diverses courses de village ou autre. Ainsi, la corrida de Houilles est au-dessus des 10km de Darnétal, et le magnifique rouge pétant du tee-shirt Livarot-Vimoutiers cache le jaune fluo du tee-shirt de finisher du marathon de Paris.
Pif paf pouf, j’enfile le tee-shirt de finisher du marathon de Paris, incognito, naïvement pensais-je. C’était sans compter tous les regards ébahis que l’on me jeta dans la rue. Mon escapade matinale pour aller chercher le pain se transforma en balade de starlette, sous les regards hagards des passants.
Je ne trouve pas ça justifié.
Oui, j’ai fait le marathon de Paris, deux fois même. Oui, j’ai parcouru 42 km et des brouettes sans m’arrêter à deux reprises en deux éditions. C’est vrai, nous sommes peu à avoir réalisé ce que je refuserais de qualifier d’exploit. Ne m’appelez pas pour autant héros, surhomme à la limite. Je n’ai rien fait d’extraordinaire. Appelez plutôt héros tous ces gens qui partent en Afrique pour apprendre à lire aux petits enfants africains.
Je n’ai fait que courir 42 km et des poussières. Deux années consécutives. Dans Paris, en plus, ce qui, le sait-on, n’est jamais très facile, puisque le peloton est d’une densité étouffante. 84 km en deux sorties sur deux années, je comprends que ça puisse vous ébahir, mais raisonnez-vous, voyons. Je l’ai fait sans réfléchir, comme ça, sans penser à ces regards qui désormais me gênent. Oui je suis capable de courir plus de 4h sans stopper mon effort, mais là, j’ai surtout envie d’aller acheter mon pain incognito. Cessez donc de me jeter ces regards envieux, je suis certain que vous connaissez des personnes au moins aussi méritantes. Peut-être pas physiquement parlant (c’est quand même un sacré exploit), mais dans l’esprit : tenez, un vétérinaire, par exemple, vous en connaissez, c’est sûr. Il sauve des animaux à longueur de journée. Ça, c’est de l’héroïsme.
Moi je ne veux qu’acheter mon pain. Et la boulangère de vouloir sans l’avouer me faire une réduc sur la baguette. Ne me sentant pas supérieur à tous les autres clients (qui n’ont, certes, sûrement pas couru 84 km en deux ans consécutifs, mais peu importe, ils ne sont qu’humains, et de bon humains pour sûr), je lui tends avant qu’elle ne me propose de ne pas me faire payer la somme que je lui dois. Elle sourit, assez intimidée. Pourtant, je ne suis qu’un homme.
Un homme qui a parcouru 2 x 42 km et des poussières en deux ans.
C’est le symbole ,toujours ,que t’es fais ça ou autre , on te respecte on t’envie,des jaloux aussi !
Avec ma paire de rollers avec des roues de 100 et mon equipement de descente de montagne je passe pour un Dieu sur ses petites roulettes ,même avec le t-shirt offert a la fin de 62.3km/h en pleine descente.(on oublie le fracture du coude et le poignet brisé sur une mauvaise chute à 3km de l’arrivée).
Plus le symbole et connu plus les gens qui le voient auront ce regard .
MAIS plus le symbole est connu qu’au bout d’un moment les gens n’y font plus attention et dans ce cas la ,tu es comme les autres ,un humain classique!
Même si dans ton texte tu essai de ressortir de la modestie et de l’ironie ,faut dire que les petits regards qu’on te lance réhausse un peu ton égo de coureur (ou autres activités) en te souvenant que t’en avais bien chier et que t’as failli abandonné en voyant les méméres de 60 ans et plus te dépassées!
Cela dit pour moi tu passe ,pour le flemmard qui fais pas ses lessives!
P.S:tu vas t’arranger pour que soi ta copine (si t’en a une? Il me semble ,Marie? dans un de tes billets j’ai vu ça sur RUE89) qui fasse tes lessives ?
Putain Veilleur de nuit va bosser tu nous emmerde.