Je ne lis pas Télérama. Jamais.
Rien que le mot me rebute. Il commence par télé-, la petite boite sous culturelle remplaçant au fil des années les belles peintures sur les murs des salons.
Il finit par -rama. Pas tellement que l’ex ministre des causes perdues m’agace, mais dans ce -rama, il y a l’idée du panorama, cette espèce d’obsession de vouloir tout couvrir, parler de tout. Comme si c’était nécessaire.
Je respecte. Enfin j’essaye. Le fait d’avoir un avis sur tout ne me dérange pas. Le fait de le vendre me fait sourire. Le fait d’en faire une universalité me répugne.
Et c’est aujourd’hui, alors que je ne faisais absolument rien, que je suis tombé sur l’apogée paroxysmique de l’onanisme journalisco-culturelle. Une information absolument CRUCIALE tombe sous mes yeux : Nicolas Delesalle quitte Twitter et dit adieu à ses 6.500 followers. Sur le site de son employeur.
Merci Nicolas Delesalle.

Merci de quitter Twitter. Merci de laisser votre égo loin de ses utilisateurs. Vous avez découvert qu’il y avait une vie en dehors de Twitter. Vous avez découvert que les utilisateurs de Twitter étaient des vrais gens. Vous avez imaginé que ces gens tenaient à vous parce qu’ils ont noté votre départ. Tel un ado en mal d’affection parentale, trop boutonneux pour se trouver une copine, vous avez contemplé votre e-décès du haut de je ne sais quel autre compte.
Et vous avez tenu à le narrer.
Et puis quoi ? Parce que vous aviez 6.500 followers vous vous imaginez trop important pour que Twitter ne continuer d’exister ? Où est-ce votre fonction de très grand reporter du Saint-Télérama qui vous donne l’impression d’être autant nécessaire à votre tribu de followers ? Sachez que non.
De mon point de vue de débiteur de conneries numériques, votre départ m’est aussi important que le PIB de la Corée du Sud l’est pour Liliane Bettencourt. Aussi inutile que le capuchon de mon stylo bic que j’ai égaré hier.
Pour les millions d’ados qui suivent Rihanna, Justin Bieber, Barack Obama et Lady Gaga, vous n’étiez qu’un vieux con écrivant dans ce que leurs parents appellent un magazine. Ils en ont vu à la télé dans un reportage vintage.
Pour les gens de votre milieu vous n’étiez qu’une connaissance de plus. Une porte d’entrée pour ceux qui ne vous connaissaient pas. Un following de principe pour ceux qui vous connaissaient.
Pour le reste vous n’étiez tout au plus un pseudo.
Pour vous, votre départ valait bien un billet dans votre propre canard. Telle Valérie Trierweiller en une de son torche cul, vous vous êtes cru assez important pour devoir étaler vos mornes sentiments influencés par vos lectures Harlequin sur la toile aux yeux de vos lecteurs.
Aux dernières nouvelles leur nombre était en basse. Environ 630.000. On peut donc considérer que 1% d’entre eux étaient donc potentiellement intéressés par vos états d’âmes numériques. Il y a quelques mois, vous écriviez votre « Adieu Facebook« , aujourd’hui votre « Adieu Twitter« . Par pitié Nicolas, épargnez nous votre départ de Google+. Les internets s’en porteront très bien.
Il parait qu’on peut très bien passer une excellente soirée sans télévision. On peut très bien passer une excellente e-journée sans vous Nicolas Delesalle.
En espérant qu’il ne fasse pas le coup du vrai-faux départ chaque année un peu comme les rock stars vieillissantes…