Irréversible

Noir qui saigne de l'oreilleVoilà des heures que je suis habillé sous cette douche. Prostré, agenouillé et en costume maintenant complètement trempé, j’essaye d’effacer de ma mémoire ces 24 dernières heures. J’ignore complètement les appels de ma femme, à travers la porte fermée, qui a fini par s’inquiéter devant ma présence plus que prolongée dans la salle de bain. Je ne veux pas ouvrir. Je ne veux surtout pas avoir à lui expliquer ce qui m’est arrivé. Comment le pourrais-je ?

Une journée plus tôt.

Je sortais du bureau pour un rendez-vous d’affaires. Le rendez-vous s’était bien terminé et je n’avais pas envie de rentrer chez moi. Je filai alors dans un bar que j’avais repéré en venant. Je ne bois pas d’habitude. Je suis plutôt chocolat-fraise pour les grands jours. Je commandai donc un chocolat-fraise. C’était un grand jour (sinon je n’aurais pas commandé de chocolat-fraise).
La femme assise au bar en face de moi me scrutait depuis de longues minutes quand elle finit par s’approcher de moi.
– Salut beau black fit-elle en guise d’introduction
– heu merci. Bonjour vous
– vous travaillez dans le coin ?
– pas vraiment, j’avais un rendez-vous d’affaires dans le coin.
– ok. Je m’appelle Marie.
– Et vous faites les petits plats qui sont déjà faits ? Ha ha ha.
Elle n’eut aucune réaction.
– t’es un rigolo toi.
– non, je suis juste de bonne humeur. Prenez-vous un verre, je vous l’offre. Et plus sérieusement vous faites quoi dans la vie ?
– je suis comment dire ? Agent d’artistes.
– aah. C’est intéressant. Excusez-moi, je dois aller aux toilettes. Je reviens de suite.
C’est l’inconvénient chez moi: le chocolat fraise me donne des envies pressantes. Je me dirigeai vers les W.C quand un autre besoin se fit sentir. Je m’empressai alors de retourner vers Marie.
– heu précision utile : vous ne m’ennuyez pas du tout et ne croyez pas que je vais aller faire caca. Juste un petit pipi hein. Allez à tout de suite !
Lorsque je revins, Marie n’était plus là. Mon verre entamé était la seule trace de mon passage. Exceptées les traces jaunes laissées dans les toilettes sur la… Bref. Je me décidai à finir mon verre et à partir. Ce fut là un geste que je regretterai tout ma vie. On entend souvent ces histoires de black-out que des femmes ont eu lors de soirées dans des clubs. On s’imagine souvent que ça n’arrive qu’ aux autres.

Ce jour là, la victime ce fut  moi.

Sauf que c’est à mon réveil que le cauchemar commença : je me réveillai attaché à une chaise et Marie était en face de moi accompagnée de deux hommes qui me faisaient vaguement rappeler le personnel du bar.
– Bon, le rigolo. J’ai besoin de toi. Ces mesures sont un peu spéciales mais autrement tu n’aurais pas accepté. D’avance mes excuses pour la suite. Si tu te souviens bien, je t’ai dit que j’étais agent non ? dit Marie
qu’est-ce que je fous là ? Détachez-moi ! criai-je
– du calme, j’y arrive. Et on va te libérer. On te veut pas de mal. On a juste besoin de toi pour une petite expérience. Une étude disons.
– Mais on ne kidnappe pas les gens pour leur faire expérimenter des trucs. On les appelle d’abord. On fixe un rendez-vous etc. Laissez-moi prendre mon téléphone, je vais voir si je peux vous caler un…
ÉCOUTE MOI ! me coupe Marie. Si tu es gentil, ça ira très vite.
En finissant cette dernière phrase, elle se faisait menaçante. Étant donné que je n’avais pour l’instant aucun moyen de pression, je décidai de collaborer.
– bon ok.
– bien voilà.
– vous voulez quoi ?
– bon tu dois être au courant que Christophe Hondelatte a sorti un nouvel album ?
– Ha ha ha. Probablement une belle m… répondis-je en ne finissant pas volontairement ma phrase.
Au visage de Marie qui commençait à se fermer, je décidai de jouer la carte de la diplomatie
– Oui, j’en ai vaguement entendu parler
– je suis son agent
– oh ma pauvre, je suis désolé pour vous.
– ça va. Écoute, je vais aller droit au but. On voudrait tester l’album une ultime fois avant sa sortie,
– quoi ? Non, vous n’allez pas oser. Écoutez, j’ai de l’argent et..
– non, tu écoutes son album, ça ne durera pas longtemps
– non suppliai-je. S’il vous plait. Je pris alors mon ton le plus roumain pour dire s’il vous plait mais cela ne suffit pas à émouvoir mon interlocutrice.
Elle prit un baladeur MP3 et entreprit de mettre les écouteurs sur mes oreilles. Aaaargh. C’était un Archos en plus !
J’entrepris alors de me détacher mais les nœuds étaient trop serrés.
Noon. Nooon !

24 heures plus tard.

Dans la salle de bain, je finis par fermer le robinet de la douche. Le costume trempé, je fixais le miroir. J’aurais voulu crier. Je ne savais pas quoi faire. En parler à ma femme, mes amis, un psy ? Non. Il fallait que je traverse cette épreuve seul.

1 semaine plus tard

Dans une salle d’association du 8ème. Je suis parmi des femmes et ma voisine de droite, une très jolie blonde, finit son récit :
– …je ne crains donc plus de croiser ce putain de pervers socialiste qui a cherché à me… (elle s’arrête comme pour garder son calme). Excusez-moi pour ma grossièreté. Je ne crains plus de croiser ce putain de pervers qui a cherché à abuser de moi. C’est derrière moi tout ça. Merci à vous.

Une femme se lève et applaudit ma voisine. Les autres femmes présentes imitent alors l’animatrice. Cette dernière attend alors que les applaudissements cessent pour prendre la parole.

– merci à toi Tristane pour ce vibrant témoignage. Ton courage est pour nous une source d’inspiration. Bon, et maintenant heu ben nous avons un homme. C’est assez rare pour le signaler. Michael c’est à votre tour fit-elle en se tournant vers moi.

14 commentaires

  1. Les méthodes de ces vermines sont décidément sans limites.
    Dur de se reconstruire après une telle épreuve.
    Pour ma part, j’ai dû passer par Christian Morin, Yannick Noah et Carla Bruni avant de retrouver un état normal.
    De tout cœur avec toi.

  2. Bon;

    Mis a part le fait que ce n’est pas tres drôle; le fait de faire passer ça pour un témoignage à la suite d’un article sur le viol (réel) est une marque soit de betise soit d’irrespect, les deux ? je sais pas c’est triste en tout cas

  3. Je suis arrivée ici en passant par l’appel de Clémentine Autain. je trouve ton texte pas spécialement bon, mais plus que tout, je ne sais pas si tu te mets à la place de personne qui ont été violées et qui, via le manifeste, tombe sur ton témoignage…
    You are a real fucked-up man

  4. @distik C’est un peu impérial de décider ce qui est drôle, peu drôle ou pas du tout drôle. Passons sur ta remarque qui se voulait assassine.
    Je pense avec du recul que c’est une marque de bêtise. Bon en même temps chercher un texte intelligent sur un site qui s’appelle megaconnard n’est pas aussi, je pense, ce qu’il y a de plus brillant comme démarche. C’est un peu comme le puritain qui irait dans une boite de streap tease pour se plaindre de la tenue trop dénudés des danseuses.

    @Georges Merci Georges. Tes encouragements me vont droit au cœur.

  5. Juste ATTERANT…. Je te lis et te vomis tout à la foi. Tu dois te sentir grand et fort. Mieux bâti maintenant que tu inspires tant de mépris. Pauvres de nous dont tu entaches le combat.

    Ton article, qui plus est, est bien mal rédigé. Une syntaxe plutôt maladroite et finalement ni cynisme, ni ironie. Tu n’as créé qu’un trou béant dans les abimes de la toile que tu prends pour un quotidien grandiose.

    Ce qui est sûr en revanche, c’est qu’il n’y a qu’ici que tu peux ouvertement proposer ta daube. Ailleurs, on t’aurai gentiment expliqué à quel point tu es mauvais.

    Je te laisse à ta bêtise, triste toute petite personne que tu es.

    Bon buzz.

  6. « Juste ATTERANT…. Je te lis et te vomis tout à la foi. »
    Alors attention, fais gaffe de ne pas manger tout de suite après. Cela peut être mauvais.

    « Tu dois te sentir grand et fort »
    Heu non. Hilare au mieux.

    « Mieux bâti maintenant que tu inspires tant de mépris »
    Heu ben toujours hilare.

    « Ton article, qui plus est, est bien mal rédigé. Une syntaxe plutôt maladroite et finalement ni cynisme, ni ironie. »
    Désolé de te décevoir. Ce n’était qu’une modeste tentative de vouloir apporter un peu de légèreté.

    « Tu n’as créé qu’un trou béant dans les abimes de la toile que tu prends pour un quotidien grandiose.  »
    Moi pas tout compris mais tu as l’air de savoir de quoi tu parles alors on va dire que tu as raison. Michael diplomate.

    « Ce qui est sûr en revanche, c’est qu’il n’y a qu’ici que tu peux ouvertement proposer ta daube. Ailleurs, on t’aurai gentiment expliqué à quel point tu es mauvais. »
    Ben non, on voit bien que l’on peut compter sur toi. Ton commentaire m’aura permis de gagner en modestie. Merci.

    « Je te laisse à ta bêtise, triste toute petite personne que tu es.  »
    1ère fois que l’on me dit que je suis petit. Aucun jour ne ressemble à un autre.

    Évidemment tu reviens quand tu veux. Bisous.

  7. Je suis arrivé sur votre blog en lisant les commentaires du Nouvel Obs sur Clémentine et le manifeste du « viol ».
    Votre commentaire : « moi aussi cela m’est arrivé »… d’un air très sérieux et on tombe sur ça…

    C’est franchement déplacé.

    Un homme, victime de viol cérébral à force de trainer sur le net

  8. Jcomprends pas les gens. Le site s’appelle mégaconnard….je te donne cet indice et je laisse le reste du raisonnement à distik et toutes les personnes à la queu-leu-leu qui veulent se faire entendre, plutôt voir en l’occurence.

    Ca me fait penser à une boutade qu’on se fait entre potes du style: » t’es vraiment un connard, connard! »

    dernier truc je suis à mon 4eme article lu sur ce site, c’est un sans faute pour le moment! (oui je suis du côte des connards)!

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