– Toi, t’as une petite mine…
– C’est bon, je sais…
– Qu’est-ce qu’y a ? Qu’est-ce qu’y a qui va pas ?
– Rien, rien, une connerie juste…
– Et c’est quoi qui te mets dans cet état ?
– Non mais c’est rien, je bloque sur un truc…
– Ah…
– Et résultat, tout va de travers. J’y pense tout le temps, j’essaie de m’améliorer, je fais mon maximum mais à chaque fois, ça bloque.
– Et ta femme, qu’est ce qu’elle en pense ?
– Ben… Elle trouve que je passe trop de temps dessus. Et comme j’y arrive pas, c’est tendu. Tu vois quoi.
– Ouais, je vois. Je vois même très bien. J’ai connu la même chose.
– Ah ?
– Non mais au bout d’un moment, c’est normal aussi. On veut changer de la routine, on veut s’améliorer. Sortir des sentiers battus. Explorer de nouvelles pistes.
– Euh… ouais ?
– Avec ma copine, on est passé par là. On ronronnait doucement. Et moi, pareil, au bout d’un moment, ça bloquait. Le plus dur c’est de lancer l’idée. Moi, je l’ai fait sur le ton de la blague. Pourquoi pas avoir un compagnon de jeu.
– Le jeu justement…
– Elle a ri. Moi aussi. On en a pas reparlé. Enfin, pas tout de suite. Et puis un soir où ça bloquait, j’ai relancé l’idée. Elle a réfléchi. Elle a dit oui.
– Non mais niveau jeu…
– Après faut recruter. On en a vu des candidats. ça m’a pris plus de temps que pour trouver mon appartement. Des fois, ça passe niveau physique mais dés qu’ils parlent, c’est une ca-tas-tro-phe. Je te le dis, si tu te lances là dedans, vaut mieux être préparé. A coté de ça, tu vois de ces gueules. Je sais bien que c’est pas une priorité mais quand même. Non ?
– Si si m…
– Le plus dur ensuite, c’est de sauter le pas. Honnêtement, la première fois, tous ces types qui reluquent ta copine, c’est pas évident, et puis y a une ambiance spéciale, sans compter que ça nous a couté bonbon en instal’. Parce que bon, pour une première fois, on a investi. Les bougies, les chandeliers, les pétales de roses et tutti quanti… Le mieux, c’est de se faire un budg’ prévisionnel avant de se lancer. Préparer le terrain, ne pas avoir trop de surprises. Comme ça, après, on peut être spontané.
– Ce que je veux dire…
– Après, tu nous connais, une fois lancés, on s’arrête plus. On a ouvert les vannes en grand. On a tout testé, on a fait le tour des clubs, ona essayé les filles, les mecs, on a même rencontré des gens célèbres. Les jouets, pareil. Et ça bouffe un fric, en terme d’énergie. On achetait des packs entier de piles. Une vraie centrale. Pour éviter les questions, on achetait plein d’appareils. Et y en a plus des masses qui fonctionnent aux LR6. On est allés loin, on s’est même mis au SM. Tiens, tu te souviens du jour où j’avais mes courbatures ?
– Ouais, ouais…
– En fait, j’avais des zébrures aux fesses et comme avec la bougie, on…
– NON MAIS NON… je veux dire… zut, à la fin…
– …
– Désolé, je voulais pas crier.
– Non… Mais je comprends. Excuse-moi-monsieur-le-prude-qui-veut-rester-bloqué-du-cul. Avec sa petite vie et sa petite sexualité.
– Le prends pas comme ça…
– « Un peu de sexe, chérie ? Pas devant Questions pour un Champion, allons ».
– C’est pas ce que je voulais dire…
– J’étais prêt à te livrer mes secrets, je voulais même bien t’inviter. Depuis le temps que ma copine a les yeux sur toi…
– Ah bon ?
– Ben ouais. Me dis pas que t’avais pas vu.
– Honnêtement, non ? Mais, ça me touche.
– Attends, tu fais carrément parti de ses fantasmes. Combien de fois, j’ai du faire semblant d’être toi…
– Arrête…
– Non mais c’est bon, c’est pour le jeu. Je me souviens même d’une fois, on a fait ça sur ton bureau… Tu te souviens, le contrat qui avait disparu… Ben, il avait pas disparu. On s’en est servi pour… Enfin, bref, si ta femme et toi vous voulez que ça se débloque, je veux dire, t’hésite pas, on s’organise une soirée, je prépare une bouffe légère, après on fait des trucs, je filme comme d’hab’ et…
– Non mais vraiment arrête. Je ne bloque pas là dessus.
– Ah bon ?
– Oui, oui, tout va bien. On est heureux.
– Ah ?
– Oui, je bloque sur un bête jeu. J’essaie tout le temps, je passe pas le cap. A chaque fois, je m’y remets, je réussis pas, je bloque au même niveau. Je passe du temps. J’en dors plus. Ma femme se plaint. Bref…
– Bref…
– Ouais…
– Enfin, je sais pas, hein, mais t’as pas bonne mine…
– Je sais, je sais…
–
Tu devrais développer cette histoire de bougie… Quand j’étais jeune j’avais fait un petit site sur une spécialité sexuelle déviante nommée « crushing »… souvenirs souvenirs. Au fait, t’es un grand malade, change rien.
Merci, je me soigne un peu quand même, des fois ça sert. Et sinon, je vais éclairer ma lanterne avec cette histoire de bougie. Google Image, me voilà (et tant pis si la NSA me demande pourquoi ensuite)